« Au bout de 10 ans de recherche, vous avez donc encore des choses à faire connaître sur l’histoire des soldats russes et leur mutinerie ? » À cette question qui nous est posée de temps en temps, le contenu de ce Cahier n°17 est là pour répondre oui, une nouvelle fois, sans aucune hésitation. En effet, au fil des mois et des années, les découvertes sur l’épopée de ces soldats semblent inépuisables et en voici de nouvelles dans ce numéro 17.
Camarades Rouski, un témoignage rare
Tout d’abord et en guise d’avertissement, ne vous laissez pas rebuter par l’apparente longueur et les 15 pages de « Camarades Rouski » (pages 11 à 25).
Il s’agit du premier récit paru en 1920 sur l’histoire des soldats russes et leur mutinerie, un des seuls jusqu’à aujourd’hui, raconté par un soldat français qui était présent en août et septembre 1917 aux abords du camp de La Courtine.
L’auteur, André Obey, était infirmier pendant la Première Guerre mondiale.
Avec son régiment, il arrive à la gare d’Eymoutiers en Haute-Vienne le 3 août 1917. Ces soldats vont rejoindre à pied Féniers, en Creuse, où ils vont bivouaquer.
Ils vont apprendre que des milliers de soldats russes révoltés sont à quelques kilomètres de là. Jour après jour, ils vont les côtoyer, apprendre à les connaître, quelque peu jaloux aussi du succès de ces soldats russes auprès des filles. Et quelques semaines plus tard, ils vont assister, médusés, pendant trois jours, à la canonnade des mutins par les forces « loyalistes » russes. Passionnant récit !
Ivan Astrov, soldat mutin et mémoire vivante
Dans ce Cahier n°17, l’association publie un autre récit de vie inédit, celui intitulé « Mémoires » du soldat Ivan Alexandrovitch Astrov (pages 26 à 33). Ce récit a été envoyé par Maxime Tchiniakov, Docteur en Histoire, maître de conférences à l’Université d’État pédagogique de Moscou. Le soldat Astrov a fait de 1916 à 1920 tout le parcours que nos lecteurs connaissent bien désormais : arrivée à Marseille en avril 1916, entraînement au camp de Mailly, les combats au front, le Chemin des Dames, la mutinerie de La Courtine, le camp du Courneau et la déportation en Algérie avant le rapatriement en 1920 et pour ce qui concerne ce soldat, l’engagement dans l’Armée rouge.
L’association remercie Maxime Tchiniakov d’avoir préfacé et annoté ces « Mémoires » et Évelyne Segard de les avoir traduites en Français, et d’avoir ainsi tous les deux contribué une nouvelle fois à l’approfondissement de nos connaissances sur le corps expéditionnaire russe.
D’autres fragments d’histoire à découvrir
Vous ferez aussi d’autres belles découvertes avec ce Cahier : celle de la mutinerie des soldats croates d’un bataillon de Waffen SS en 1943 à Villefranche-de-Rouergue (pages 32 et 35), celle d’un livre sur l’amitié du romancier Georges Orwell à Paris à la fin des années 1920 avec Boris, un capitaine de l’ex-corps expéditionnaire russe (pages 39 à 40) et aussi avec la présentation d’un remarquable et imposant ouvrage de 174 pages, conçu et proposé par des amis landais de l’association, Ange-Marie et Yvon Dupouy, un recueil intitulé « Les peintres pendant la Première Guerre mondiale : militaristes, missionnés ou pacifistes ? » (pages 44 à 47).
Beaucoup d’autres articles dans ce Cahier n°17 et aussi des annonces, notamment sur le programme du colloque de l’association des 4 et 5 octobre à Vitry-sur-Seine (page 41), sur la sortie d’un livre magnifique sur le centenaire du monument de Gentioux (page 2) et enfin une « Tribune libre » appelant à la réflexion sur la guerre qui nous est présentée comme inéluctable en Europe (page 10).