Le 2 mai 1945, à 3h du matin, les dernières troupes allemandes de Berlin capitulent, Hitler s’étant suicidé dans son bunker le 30 mai. Quelques heures plus tôt, des soldats soviétiques ont hissé le drapeau rouge au sommet du Reichstag.
Le drapeau rouge, symbole de la victoire contre le nazisme
Cette image, capturée par le photographe Evgueni Khaldeï, deviendra l’une des plus célèbres au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, ce moment est aujourd’hui marginalisé, éclipsé par d’autres dates comme celle du 6 juin 1944 qui servent à réécrire l’histoire depuis la guerre froide et la chute du mur.
Ce n’est pas nier l’importance du débarquement en Normandie que de rappeler que l’Armée rouge avait déjà brisé le front de l’Est, libéré la majeure partie du territoire soviétique, et engagé la course vers Berlin selon la poursuite de l’opération Bagration lancée par l’état-major soviétique. C’est l’URSS qui porte le poids principal de la victoire, avec plus de 25 millions de morts et des sacrifices immenses. Ne pas rappeler le 2 mai, c’est gommer son rôle déterminant dans l’écrasement du nazisme et dans la libération des peuples d’Europe. Les soldats soviétiques, souvent jeunes, issus des peuples les plus divers de l’Union, ont combattu sans relâche pendant quatre ans. Ils ont résisté à Stalingrad, reconquis Kiev, Varsovie, Budapest, puis livré l’ultime bataille dans les ruines de Berlin. Le général Gueorgui Joukov, commandant en chef du 1er front de Biélorussie, dirigeait les soldats qui entrèrent les premiers dans Berlin.
L’héroïsme de l’Armée rouge, mémoire interdite
En France, les commémorations du 8 mai mettent en avant la réconciliation, la paix, l’Europe et l’Amérique, mais rarement l’Armée rouge et le peuple soviétique. À l’approche du 8 mai 2025, rappelons que la victoire de 1945 fut d’abord une victoire antifasciste, une victoire populaire, une victoire à laquelle le monde doit tant. Le 2 mai doit retrouver sa place dans notre mémoire collective. Car ce jour-là, un monde bascula. Un monde où le nazisme tombait et où, sur les ruines du Reichstag, flottait le drapeau rouge. Ce drapeau n’était pas seulement celui de l’URSS : il était celui de tous les opprimés, de tous les résistants, de tous les peuples luttant contre la barbarie.
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Le drapeau hissé sur le Reichstag sera ensuite baptisé « Drapeau de la Victoire », les trois soldats qui l’ont déployé ont bravé les tirs ennemis, dans les hauteurs du bâtiment en ruines. Leur geste incarne l’héroïsme des millions de soldats soviétiques, jeunes hommes venus de toutes les républiques de l’URSS, unis dans le combat antifasciste. S’ils sont restés des héros discrets de l’histoire, le drapeau est lui aujourd’hui conservé à Moscou, au Musée central des forces armées de la Fédération de Russie, comme une relique de la victoire populaire exhibée lors des cérémonies officielles. À l’approche des commémorations, il est temps de rendre hommage à celles et ceux qui ont écrasé le fascisme au prix du sang et de rappeler que la liberté fut aussi conquise sous le drapeau rouge de l’URSS.