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Benoît Prieur - CC0
Rafle du Vel' d'Hiv

Le gouvernement de l’État français, auxiliaire zélé du génocide nazi

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Temps de lecture : 5 minutes

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Seconde Guerre mondiale Gouvernement

Le 16 juillet 1942, dès 4 heures du matin… Bruits de pas dans de nombreux immeubles parisiens ou de la banlieue proche, coups violents frappés aux portes  ; 4 500 policiers français ont reçu l’ordre d’arrêter plus de 13 000 juifs. C’était le début de ce que l’on a appelé la « Rafle du Vel’ d’Hiv ».

Dans les années 30, l’antisémitisme fleurit en Europe, y compris en France. Avant la guerre, ni le politicien Laval, ni Pétain, le vainqueur de Verdun, ne sont considérés comme antisémites. Ils ont uniformes militaires, costumes et cravates, ce sont des français bien propres sur eux… Des gens respectables  ! Mais dès la défaite et l’armistice honteux signé le 22 juin 1940, Pétain et Laval dévoilent leurs véritables visages. Le 10 juillet, la République est abolie, Pétain est devenu chef de l’État français pour mettre en place son programme de Révolution Nationale  ; auprès de lui grenouillent les partisans de l’extrême droite et les nationalistes tous partisans ardents de combattre les juifs, les « métèques » et les étrangers. Le 3 octobre 1940, Pétain signe le premier statut des Juifs qu’il a renforcé de sa propre main : les juifs sont alors mis à l’écart de la fonction publique et de nombreuses professions. Ils vont être fichés.

Accélération de la politique génocidaire

Dès le printemps 1942, Hitler veut accélérer sa politique génocidaire. Pétain et Laval, son Premier ministre, décident donc de mettre à la disposition de l’Occupant l’État français, la police française, les autobus de la compagnie du métropolitain.

En effet, 25 000 juifs (hommes, femmes, enfants, vieillards) doivent être arrêtés à Paris et dans sa banlieue avant d’être déportés avant la fin juillet dans le sinistre camp d’Auschwitz-Birkenau, symbole de la disparition des populations juives et tziganes de toute l’Europe. La Préfecture de police de Paris, dirigée par le haut fonctionnaire René Bousquet, organise donc arrestations puis enfermements dans le Vélodrome d’Hiver où ni sanitaires, ni eau potable, ni nourriture n’ont été prévus pour l’emprisonnement de près de 13 000 personnes… Les témoins racontent :

«  C’était l’horreur, pire que l’horreur. Le cri des enfants, l’effroyable peur des mamans et une odeur, une odeur pestilentielle  ». Heureusement, quelques policiers, des voisins ont fait preuve de courage et de résistance. Ils ont informé les familles les 14 et 15 juillet, celles-ci seront sauvées.

Les rafles et déportations auront lieu dans le Nord-Pas-de-Calais le vendredi 11 septembre 1942, veille du Roch Hachana, Nouvel An juif. Des familles s’apprêtent à célébrer cette fête. La police française viendra interrompre ce petit moment de bonheur organisé dans cette période de peur, de violence, de multiples lâchetés perpétrées par l’Occupant et la collaboration. Des résistants du groupe « La voix du Nord », des militants syndicalistes et communistes, des riverains de la gare de Fives organiseront la fuite et l’hébergement clandestin d’une cinquantaine d’entre eux. Un très bel hommage a été rendu à ces victimes de la barbarie nazie le 11 septembre 2022.

Un trop long silence

Le 8 mai 1945, le IIIe Reich capitule sans condition devant les Alliés, l’URSS, les USA, le Royaume-Uni et la France… En 1945, les camps de concentration sont libérés… Auschwitz-Birkenau le sera par l’Armée rouge le 27 janvier. Après la Libération, une seule manifestation nationale est organisée en mémoire des jours tragiques de juillet 1942. Ce sera le 16 juillet 1945  ; le Parti communiste organise au Parc des Princes une manifestation de souvenir aux victimes… Pendant longtemps, les autorités de la République se taisent. Enfin, 20 ans après la Libération, en 1965, le premier ministre Pompidou rend hommage aux déportés juifs. Le président De Gaulle demeure silencieux. Il faut attendre de multiples initiatives de la communauté juive, des associations de résistants et de déportés pour qu’enfin le président et les autorités de la République prennent position.

Nous sommes en 1992, cinquante ans après la libération des camps. Ces interventions demeurent hésitantes et lentes. En effet, en 1992, François Mitterrand est le premier président de la République qui prend part aux commémorations qui se déroulent sur l’ancien site du Vel’ d’Hiv’ démoli en 1959. La réunion est houleuse  ; beaucoup se souviennent de l’attitude ambiguë de Mitterrand envers Vichy dans les deux premières années d’occupation, la presse ne se prive pas de signaler qu’il a conservé parmi ses amis René Bousquet !

Enfin, en 1993, le Président Mitterrand instaure par décret une « journée nationale à la mémoire des victimes des persécutions racistes et antisémites commises sous l’autorité de fait dite "gouvernement de l’État français" (1940-1944) ». 7 ans après, en 2000, cette journée sera commémorée tous les 16 juillet sous le nom « journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux "Justes" de France ».

Il faut attendre le président Jacques Chirac et 1995 pour qu’enfin soit reconnue la responsabilité française dans la déportation des Juifs. Chirac déclare : « Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français. (…) La France, patrie des Lumières et des Droits de l’Homme, terre d’accueil et d’asile, la France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux ».

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