La faillite de la Compagnie du canal plonge des milliers d’épargnants dans la ruine, tandis qu’un vaste scandale politico-financier éclabousse la IIIe République.
Une ambition mondiale
L’idée d’un canal interocéanique au Panama remonte au XVIe siècle, mais c’est Ferdinand de Lesseps, fort de son succès avec le canal de Suez, qui relance le projet en 1879. Ce chantier titanesque devait incarner la modernité et la puissance économique française. Mais l’isthme de Panama, au climat tropical, se révèle bien différent des conditions désertiques du Sinaï. Dès les premiers travaux, des pluies torrentielles et des épidémies comme la malaria ou la fièvre jaune entravent les avancées.
Les conditions de travail sont désastreuses pour les ouvriers, majoritairement venus des Antilles et d’Europe. En quelques années, plus de 22 000 travailleurs succombent à la malaria, la fièvre jaune et des accidents de chantier, un bilan humain catastrophique.
Pour financer le projet, Lesseps fait appel à l’épargne populaire, promettant des rendements faramineux. Mais les difficultés techniques, couplées à des dépenses mal maîtrisées, mettent la Compagnie française du canal en péril. En 1888, l’entreprise…