Georges Boulanger, officier de carrière, est ministre de la Guerre en 1886. Beau cavalier, allure martiale, il séduit l’opinion par ses réformes en faveur des soldats, sa fermeté face à l’Allemagne et sa capacité à incarner une revanche nationale après la défaite de 1870. Son nom devient un cri dans les meetings, son portrait s’affiche dans les cafés, et les foules acclament « le général Revanche ». Dans un pays où l’Alsace-Lorraine demeurait perdue, où l’humiliation de Sedan pesait encore, il sut incarner l’espoir d’un redressement national. En quelques mois, Boulanger passa du statut de militaire discipliné à celui de tribun adulé.
Un général charismatique porté par le ressentiment national
La singularité du boulangisme réside moins dans son programme (« dissolution - révision - constituante ») que dans sa stratégie. Boulanger coalisa des forces apparemment irréconciliables : les monarchistes, qui y voyaient l’instrument d’une restauration autoritaire, et une partie de la gauche radicale, séduite par sa dénonciation des élites corrompues. Cette convergence n’était pas une construction doctrinale mais un agrégat de colères : la droite rêvait de revanche et d’ordre, la gauche de…