Cette journée de commémoration est devenue incontournable après la loi Taubira de 2001 et depuis que le président Jacques Chirac a décrété le 10 mai journée de l’abolition de l’esclavage. Mais dans la métropole lilloise, jusqu’à 2008, plusieurs villes travaillaient séparément à l’organisation de cette journée. La création d’un collectif regroupant une quinzaine d’associations et autres organisations, le « Collectif du 10 mai », a changé la donne.
« Nous travaillons désormais ensemble », explique son coordinateur, Armand Nwatsock, par ailleurs président de l’une des associations membres du collectif, le Centre régional de documentation pour le développement et la solidarité internationale (CRDTM). Ce vendredi 10 mai en fin de journée, les élus municipaux lillois, villenevois et ronchinois se sont retrouvés sur le Parvis des droits de l’Homme, face à la préfecture du Nord, pour déposer une gerbe. Ils l’ont fait avec les associations et avec les représentants du préfet. Une marche silencieuse a ensuite conduit les participants à la salle du Gymnase (près du théâtre Sébastopol) où étaient affichées 14 poésies écrites par des collégiens et des élèves de CM2.
C’est une initiative originale du « Collectif du 10 mai » qui a proposé aux équipes pédagogiques de faire travailler les enfants et
les jeunes adolescents sur ce travail d’écriture. Seule directive : écrire sur l’esclavage et la traite négrière. Il en est resté une sélection de 14 textes étonnants de qualité qui ont été lus par des adultes et par un enfant de sept ans, Emmanuel.
« J’ai un peu aidé ma fille, notamment sur l’orthographe, avoue cette maman présente lors de la lecture publique. Mais sa professeure d’histoire a particulièrement bien accueilli cette initiative et la créativité des jeunes a fait le reste. »
Plusieurs textes sont titrés sur la traite négrière. « Dans les brumes des mers ou le vent gronde / Se tisse une histoire sombre qu’on ne peut oublier », commence l’un d’eux sous la plume d’une collégienne de quatrième. « Que leurs voix résonnent à travers les temps, que leur histoire soit entendue […] » écrit un autre élève lui aussi en classe de quatrième. « Refusons de reproduire cette ignominie / En prônant la tolérance et l’égalité aujourd’hui », demande un autre jeune auteur.
Durant la commémoration, Armand Nwatsock n’a pas manqué de rappeler que l’abolition de l’esclavage n’a pas été un cadeau, mais le résultat de nombreuses luttes. La question de la réparation reste posée.
Affirmant que nous devons « devenir des ingénieurs, des architectes de la paix, de la solidarité et du vivre ensemble », il n’en a pas moins souligné que l’esclavage existe toujours et apparaît sous plusieurs formes : « travail forcé d’enfants, prostitution, trafic des migrants dans des réseaux sur la route du désert et de la Méditerranée, présentée comme la route du paradis, mais qui en réalité est la route de l’enfer. »
Il importe en effet de ne pas nous habituer à ces milliers de morts, chaque mois, souvent sans nom, sur la route de l’exil.