Suite à la réplique d’Obry, les railleries virent à l’attaque personnelle : Hechter reproche à Florimond Obry sa conduite envers sa femme décédée et envers sa fille dont il aurait abusé ! À ces mots, raconte L’Enchaîné, Obry lance un encrier « à la tête du maire qui fut frôlé sans être touché, mais sa figure fut tachée d’encre ». La séance est levée et le maire socialiste annonce dans la foulée un dépôt de plainte contre Florimond Obry.
Qui était donc Florimond Obry ?
Né en 1892, ouvrier-mineur, Florimond Obry effectue son service militaire à partir de 1913 dans la marine. En 1917, il est renvoyé comme affecté spécial dans les mines. Au lendemain de la guerre, il suit des cours par correspondance qui lui permettent d’obtenir un poste de préposé des contributions directes à Beauchamps, dans la Somme, en 1921, puis un emploi de secrétaire de mairie.
Adhérent du parti socialiste SFIO depuis l’âge de dix-huit ans, Obry est élu conseiller municipal de Chocques en 1919 sur la liste d’Henri Hechter. Après le Congrès de Tours, il devient secrétaire de la section communiste de Chocques, mais des dissensions opposent Hechter à Obry à propos de la manière de célébrer le 11 novembre et sur le sens à donner au monument aux morts de la commune. Hechter le voulait consensuel tandis qu’Obry souhaitait qu’il porte un message antimilitariste.
En juin 1923, Florimond Obry démissionne avec trois autres conseillers municipaux. Cela provoque des élections municipales partielles pour compléter la liste. Henri Hechter est exclu du Parti communiste et retourne à la SFIO. Trois socialistes sont élus à la place des élus démissionnaires, Obry obtenant le quatrième siège.
Battu aux municipales de 1924, Florimond Obry retrouve son siège de conseiller municipal d’opposition à l’occasion des élections municipales de 1929, lors desquelles Henri Hechter est réélu.
Révoqué de son poste de secrétaire de mairie de Beauchamps à la suite d’un conflit politique avec le maire, Florimond Obry peine à retrouver un emploi. Il s’installe finalement comme charcutier-épicier à Chocques.
Titulaire d’une pension d’invalidité en raison d’une surdité partielle, Florimond Obry a été l’un des principaux dirigeants de la fédération du Pas-de-Calais de l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC) durant l’entre-deux-guerres, d’abord comme secrétaire général puis comme secrétaire technique et administratif de l’ARAC aux côtés de Georges Vasseur.
Militant communiste actif, Obry est condamné par la Cour d’appel de Douai pour outrages en 1933 et pour diffamation en 1935.
En 1932, Florimond Obry est donc conseiller municipal d’opposition depuis trois ans. Hechter et lui se connaissent bien. Trois ans plus tard, à l’occasion des élections municipales de 1935, Obry bat Henri Hechter et est élu maire de Chocques.
En 1939, Florimond Obry, après avoir hésité, désavoue le pacte germano-soviétique. Il est alors exclu du PCF, ce qui ne l’empêche pas d’être condamné à un mois de prison pour propagande antimilitariste et déchu de ses fonctions de maire en octobre 1939.
Arrêté par les gendarmes de Béthune le 10 mai 1940, Obry est interné à Seclin avant d’être transféré au Maroc. Il parvient à rejoindre la France en janvier 1941 et rejoint l’Organisation civile et militaire (OCM).
Malgré ses états de service dans la Résistance, il n’est pas réintégré au PCF qui confirme son exclusion.
Membre du Comité pour la réhabilitation d’André Marty créé en 1963 par l’équipe du Débat communiste, Florimond Obry est décédé en 1986.