La conférence de Yalta, qui s’est tenue en Crimée, a rassemblé les représentants des trois puissances alliées dans une période de profond bouleversement. Confrontés à la perspective imminente de la défaite de l’Allemagne nazie, les dirigeants ont abordé plusieurs questions cruciales pour garantir la paix : la possibilité d’une intervention militaire soviétique en appui des combats américains contre le Japon, le sort de l’Allemagne après le nazisme, le futur de l’Europe à commercer par l’Est, la sécurité ultérieure des nations. Par ailleurs, l’idée de créer une organisation internationale, qui deviendra plus tard l’Organisation des Nations Unies (ONU), a émergé comme un moyen de prévenir les conflits et de garantir la paix dans le monde. Ces décisions, prises dans l’urgence et le besoin de compromis, illustrent la complexité des choix qui se font en temps de crise.
Un compromis entre idéologies et intérêts stratégiques
Les discussions de Yalta aboutissent à plusieurs décisions clés. D’une part, l’Allemagne est divisée en quatre zones d’occupation (américaine, britannique, française et soviétique), et des mesures sont prises pour juger les criminels nazis. D’autre part, Staline obtient la reconnaissance d’une sphère d’influence soviétique en Europe de l’Est préparant l’installation de dirigeances communistes sur lesquels Moscou pourrait exercer un contrôle.
Yalta marque ainsi une étape vers la guerre froide, avec un monde bipolaire dominé par les États-Unis et l’URSS. L’idée s’est même répandue que tout était écrit à Yalta pour les quarante décennies suivantes. Or, l’étude des sources nous dit, au contraire, que rien n’était vraiment joué. Ce n’est qu’en 1947 que l’on peut vraiment parler d’entrée dans la guerre froide, ce qui correspond en France au moment de l’exclusion des communistes du gouvernement. Deux ans auparavant, l’esprit de Yalta était plutôt celui de la recherche du compromis, du respect des équilibres sur le terrain.
Du monde bipolaire au monde multipolaire, une quête de stabilité
La création d’un système bipolaire, en germe à Yalta et basé sur la confrontation idéologique entre l’Ouest et l’Est, a laissé des traces durables dans la mémoire collective (guerres civiles, coups d’État, espionnage et la peur atomique qui s’en est suivie). Cet héritage ambigu de Yalta, mêlant avancées en termes de coopération internationale et tensions exacerbées par des rivalités idéologiques, pèse encore dans notre géopolitique du XXIe siècle.
Aujourd’hui, le monde a changé : la guerre froide est terminée, et la domination des blocs Est-Ouest a laissé place à un ordre multipolaire, où plusieurs puissances – comme la Chine, la Russie et d’autres nations émergentes – cherchent à affirmer leur influence. L’interventionnisme militaire de l’OTAN, notamment en Ukraine, suscite des tensions et ravive des souvenirs de l’affrontement entre blocs. À l’heure où de nouvelles alliances se forment, il est crucial de privilégier le dialogue et la coopération dans l’esprit de Yalta pour éviter de reproduire les erreurs du passé.