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Joséphine Pencalet

Il y a un siècle, une ouvrière candidate communiste

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PCF Histoire

À l’image de l’URSS et d’autres pays ayant reconnu le droit de suffrage féminin dans le premier tiers du XXe siècle, le PCF a eu le mérite de défendre le droit des femmes à accéder aux responsabilités en 1925.

Mieux, des candidates furent choisies pour leur rôle actif dans les luttes, à l’image de l’ouvrière Joséphine Pencalet, élue dans le Finistère.

Une figure de la grève des sardinières de Douarnenez

Originaire de Douarnenez, née en 1886, Joséphine Pencalet est fille de marin-pêcheur. Femme libre, elle épouse un cheminot sans l’approbation de sa famille et le rejoint en région parisienne. Comme tant d’autres femmes de sa génération, elle est veuve de guerre au sortir de la Première Guerre mondiale.

De retour dans le Finistère, elle participe activement à la grande grève des « sardinières » (les ouvrières des conserveries) à l’automne 1924. Des ouvrières qui tiennent tête, qui ne s’en laissent pas compter. En dépit des menaces de licenciement, les pressions de la gendarmerie qui n’hésite pas à charger, ces femmes défendent mordicus leur revendication tarifaire. « Pemp real a vo » (« ce sera 1,25 franc ») affichent-elles en langue bretonne dans les rues de Douarnenez avec le soutien du dirigeant communiste Daniel Le Flanchec, la ville étant communiste depuis 1919. Une forte personnalité, lui aussi, qui ne craint pas le coup de poing : il est victime d’un attentat organisé par les milieux patronaux dont il réchappe.

Joséphine est remarquée pour ses capacités à convaincre, à encourager et à mobiliser ses camarades. Elle a du vécu et elle a déjà deux enfants, qu’elle doit élever seule. Surtout, elle sait porter la colère des ouvrières dans les rassemblements et les manifestations. Finalement, les « Penn Sardin », reconnaissables à leurs vêtements traditionnels et leurs sabots, obtiennent largement gain de cause en janvier 1925.

Une élue au conseil municipal de Douarnenez

La décision de présenter des femmes aux élections municipales au scrutin de liste est prise par le comité central du PCF à l’invitation du Secrétariat international féminin de Moscou, organisation rattachée au Komintern (la IIIe Internationale). Le volontarisme est préconisé, quitte à braver le code électoral.

À Douarnenez, la liste communiste conduite par Daniel Le Flanchec passe au premier tour le 3 mai 1925. Joséphine Pencalet obtint 1283 voix et devint la première femme élue en Bretagne et l’une des premières conseillères municipales françaises, le Parti ayant présenté d’autres candidates.

La loi électorale de 1884 n’était pas assez explicite pour ce qui concerne l’interdiction des candidatures féminines. Aussi, le processus électoral fut mené à son terme. Cette zone grise donna l’occasion à Joséphine de siéger pendant 6 mois, jusqu’à une décision du Conseil d’État invalidant son élection en novembre malgré de nombreux recours. Peu importe, la cause aura été bien défendue, même s’il faudra attendre l’ordonnance de 1944 défendue par Fernand Grenier, représentant du PCF auprès du général de Gaulle à l’Assemblée consultative provisoire à Alger pour que le suffrage devienne pleinement universel en France.

Néanmoins, ce moment symbolique et historique pour la démocratie ne fut pas exempt des stéréotypes de genre, à l’image de la « commission scolaire et d’hygiène » attribuée à Joséphine. Elle s’est ensuite retirée du militantisme et décède en 1972.

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