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Par Tapio Korpisaari, CC BY 4.0
Pour la paix

Il y a 50 ans, l’Europe se réunissait à Helsinki

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Mise à jour le 14 août 2025
Temps de lecture : 3 minutes

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Guerre Paix

Il y a 50 ans, le 1ᵉʳ août 1975, les grandes puissances mondiales signaient à Helsinki un accord historique censé sceller la paix en Europe et inaugurer une nouvelle ère de coopération. L’Acte final de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) rassemblait 35 États, dont les États-Unis, le Canada, l’URSS et tous les pays européens (sauf l’Albanie).

Aujourd’hui, alors que les conflits reviennent sur le sol européen, que reste-t-il de cet ambitieux projet de détente, de sécurité collective et de respect mutuel ?

Le « piège d’Helsinki » ou le double tranchant du droit

Lancée à l’initiative de l’URSS dès 1969, la Conférence avait pour objectif de stabiliser les relations Est-Ouest dans un contexte marqué par la guerre du Vietnam, la crise de Berlin, puis la détente. L’Union soviétique y voyait l’occasion de faire reconnaître définitivement les frontières issues de la Seconde Guerre mondiale, en particulier la frontière Oder-Neisse et l’incorporation des pays baltes à l’URSS. Le principe d’intangibilité des frontières était acté. En échange, les pays occidentaux voulaient obtenir des engagements sur les droits de l’homme, ce qui donna naissance à une architecture en trois « corbeilles » : la sécurité et les frontières, la coopération économique, les droits et libertés.

Les engagements de la troisième corbeille furent souvent présentés comme un piège tendu à l’URSS. En effet, des dissidents s’en emparèrent pour contester les régimes socialistes, comme en Tchécoslovaquie avec la Charte 77. Pourtant, l’URSS ne fut pas naïve : elle voyait aussi dans ces droits proclamés une forme d’équilibre face aux agressions culturelles et médiatiques de l’Ouest. Quant au principe d’intangibilité des frontières, il répondait à une exigence de stabilité dans un continent ravagé par deux guerres mondiales. Ce principe fut toutefois mis à mal après 1991, lorsque les États-Unis, l’Europe et l’OTAN encouragèrent le démantèlement de la Yougoslavie au mépris de l’esprit d’Helsinki.

De la paix durable à la confrontation permanente ?

Depuis la fin de l’URSS, l’architecture née à Helsinki s’est effritée. L’OTAN s’est élargie jusqu’aux frontières russes, en contradiction avec les promesses orales faites à Gorbatchev en 1990, comme celle du secrétaire à la Défense américain James Baker (le 9 février) : « Not one inch eastward » (pas un pouce vers l’Est). Ou encore celle de Hans-Dietrich Genscher, ministre allemand des Affaires étrangères : « Il ne devrait pas y avoir d’élargissement du territoire de l’OTAN vers l’Est, c’est-à-dire plus proche des frontières soviétiques. »

La reconnaissance internationale du Kosovo en 2008, sans l’aval de l’ONU, a ouvert la voie à d’autres modifications unilatérales de frontières. Dans ce contexte, la Russie a justifié l’annexion de la Crimée en 2014 comme un retour à l’ordre historique et une réponse aux violations répétées du droit international par l’Occident. Que l’on approuve ou non cette analyse, elle témoigne du fait que les principes d’Helsinki – dialogue, sécurité commune, non-ingérence, respect des peuples – sont aujourd’hui bafoués par ceux-là mêmes qui les brandissaient comme étendard.

À l’heure où l’Europe semble replonger dans les logiques de blocs et de confrontation, commémorer Helsinki, c’est rappeler qu’un autre chemin est possible. Celui du respect mutuel, de la souveraineté et de la paix.

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