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Nagasaki, 9 août 1945, 11h02 - Cord Frederic Romberg - CC BY-NC-SA 2.0
Mémoire brûlante d’un monde à désarmer

Hiroshima et Nagasaki, 80 ans après

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Mise à jour le 6 août 2025
Temps de lecture : 3 minutes

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États-Unis Japon Histoire

Le 6 et le 9 août 1945, les villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki étaient pulvérisées par deux bombes atomiques lancées par des bombardiers américains. La Seconde Guerre mondiale se terminait en Europe et en Afrique, mais se prolongeait dans le Pacifique. Près de 250 000 civils furent tués ou gravement irradiés.

À l’été 1945, l’Allemagne nazie a déjà capitulé. Le Japon, son allié dans le Pacifique, est affaibli et isolé. Aux conférences de Yalta et Potsdam, le principe de l’entrée en guerre de l’URSS au profit des États-Unis contre le Japon est acté. En outre, des négociations de reddition sont en cours avec des diplomates japonais. Pourtant, les 6 et 9 août, les États-Unis larguent deux bombes atomiques sur Hiroshima, puis Nagasaki, provoquant instantanément la mort de plus de 100 000 personnes, femmes, enfants, vieillards. Les jours et années qui suivent alourdiront le bilan, les effets des radiations semant cancers, malformations et un traumatisme moral tenace.

Loin d’être un « mal nécessaire », ces bombardements furent un acte de démonstration de force unilatéral, adressé à l’allié soviétique au sommet de sa puissance en Europe de l’Est. Une entrée spectaculaire dans le monde d’après-guerre, marquée du sceau de la terreur atomique.

Les cendres de la dissuasion, les craintes de l’opinion

Ce double massacre a jeté les bases d’un nouvel ordre mondial, celui de la bipolarisation du monde entre 1945 et 1991. Durant la guerre froide, l’arme nucléaire s’impose comme un pivot stratégique. L’arme conçue en secret par l’équipe d’Oppenheimer (le projet Manhattan) devenait l’objet d’un « équilibre de la terreur » pour longtemps. Mais aussi un ferment de contestation.

De Tokyo à Moscou, de Paris à Washington, des mouvements pacifistes dénoncent l’horreur nucléaire, alors que les arsenaux s’étendent. Hiroshima devient un symbole. Non pas celui de la victoire, mais celui de l’inhumanité. La colombe de la paix dans les années 1950 et le symbole « Peace and love » dans les années 1960 s’imposent dans les manifestations pacifistes. Dans les pays du bloc de l’Est comme chez les non-alignés, ces bombardements nourrissent une critique de l’impérialisme américain, illustrant la brutalité sans limites d’une superpuissance décidée à régner par la peur.

L’ombre de la bombe sur notre présent

Aujourd’hui, 80 ans après, les leçons d’Hiroshima et Nagasaki ne semblent-elles pas oubliées à l’heure des bruits de bottes ? La guerre en Ukraine, née des calculs géopolitiques de l’OTAN jouant des heurts entre les nationalismes russes et ukrainiens, a ravivé le spectre de l’escalade nucléaire. Les menaces à peine voilées de Trump et de Medvedev, les tests et les alliances militaires surarmées : tout rappelle les pires heures de la guerre froide. Avec la crise systémique du capitalisme, économique et écologique d’une part et la faiblesse de la diplomatie onusienne et du camp de la paix d’autre part, le monde n’est pas moins dangereux. Hiroshima et Nagasaki ne doivent pas rester des commémorations : ce sont des avertissements.

Dans un monde fragmenté, où la guerre est redevenue un langage, la mémoire d’Hiroshima et de Nagasaki doit alimenter un combat universel : celui du désarmement nucléaire et de la solidarité entre les peuples. Huit décennies après le drame, le devoir de mémoire se conjugue à l’urgence du pacifisme.

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