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Karl Girardet/Jean Outhwaite - Domaine Public
Histoire

Haïti, la contagion révolutionnaire

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Haïti

Pendant des années, les habitants des métropoles européennes avaient été amenés à croire que le monde dans lequel ils vivaient était le seul possible. Que le destin historique des puissances européennes était de coloniser d’autres pays et de les maintenir sous leur coupe. Certains, à notre époque, le pensent encore et n’ont pas compris que toute l’histoire des sociétés jusqu’à nos jours n’est que l’histoire de la lutte des classes.

Que ces territoires soient des propriétés privées de la couronne, gouvernés par des armées européennes ou détenus par des sociétés privées comme la Compagnie des Indes orientales, la recette est toujours la même. Il s’agissait de puiser inlassablement dans les matières premières du pays. Après sa proclamation d’indépendance, la révolution Haïtienne envoie au monde un message  ; plus seulement de résistance, mais de victoire. La république haïtienne apporte un soutien militaire et logistique aux révolutionnaires latino-américains inspirés par son exemple.

Une victoire qui déborde

Le premier drapeau du Venezuela a d’ailleurs été cousu à Jamel, ville portuaire du sud d’Haïti. Et c’est là que le dirigeant révolutionnaire Simon Bolivar met son plan de prise de pouvoir au Venezuela au point, avec l’aide du gouvernement de Pétion, successeur de Dessalines.

La révolution haïtienne n’a pas seulement réussi à expulser deux des plus grands empires coloniaux d’Europe d’une petite île située au milieu de la mer des Caraïbes, elle a aussi porté un coup terrible aux forces pro-esclavage d’Europe. L’indépendance d’Haïti a clairement montré qu’un système de profit basé sur l’esclavage industriel devenait moralement, politiquement et même économiquement insoutenable.

Toussaint Louverture est envoyé en France où il meurt en captivité. En montant dans le bateau qui l’emmène de l’autre côté de l’océan, il aurait lancé : «  En me renversant, on n’a abattu à Saint-Domingue que le tronc de l’arbre de la liberté, mais il repoussera, car ses racines sont profondes et nombreuses. »

Premier Empire d’Haïti (1806-1808)

© Manuel López López - CC BY-SA 4.0

Craignant le retour des Français dans l’île, Jean-Jacques Dessalines fait construire des fortifications et promulgue la Constitution de 1804. Cette constitution prévoit entre autres la liberté de religion et postule que tous les citoyens non-blancs d’Haïti, quelles que soient les nuances de leur peau, doivent être considérés comme « Noirs » afin d’éliminer la hiérarchie raciale qui s’était développée.

En revanche, il est interdit aux hommes blancs non métissés de posséder une propriété ou un domaine sur le sol haïtien, afin de rendre irréversibles les cessions françaises consécutives à la révolution haïtienne.

Pour assurer l’égalité des chances, cette constitution officialise le français, car le créole parlé par la grande majorité de la population n’est pas standardisé et diffère de celui parlé dans d’autres îles. À la suite de la proclamation du Premier Empire en France, Dessalines fait proclamer la création du Premier Empire d’Haïti le 22 septembre 1804, dans une volonté de traiter d’égal en égal, et se fait proclamer empereur. Il se fait couronner le 8 octobre 1804, au Cap Haïtien, sous le nom de Jacques Premier.

Séparation de l’île en deux parties (1806-1808)

Portrait de Juan Sánchez Ramírez, peint au début du XIXe siècle.

Alors que ces évènements se déroulent dans la partie occidentale de l’île, la partie orientale est occupée par les troupes françaises venues défendre Santo Domingo contre Dessalines.

Celui-ci disparu, les habitants hispano-créoles de cette partie orientale, sous le commandement de Juan Sánchez Ramírez, demandent le départ des Français et, devant le refus de ceux-ci, les affrontent à la bataille de Palo Hincado le 7 novembre 1808. Les troupes françaises, battues, finissent par quitter le 9 juillet 1809 cette partie de l’île (actuelle République dominicaine).

La partie orientale de l’île est alors surnommée la España Boba, littéralement l’Espagne idiote, parce qu’au lieu de profiter de la guerre d’indépendance espagnole, des guerres d’indépendance hispano-américaines et du départ des Français pour déclarer, eux aussi, leur indépendance, les habitants de Saint-Domingue, pensant échapper à la misère consécutive aux guerres grâce à l’aide espagnole, choisissent d’appeler les autorités coloniales espagnoles à réinstaurer leur colonie.

L’aide de la métropole espagnole ne venant qu’au compte-gouttes, l’Espagne idiote perdure 12 ans, jusqu’à la première proclamation d’indépendance de la République dominicaine en 1821.

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