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Histoire

Du POF au PCF : retour sur l’influence guesdiste

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Mise à jour le 5 juillet 2024
Temps de lecture : 3 minutes

Le guesdisme, ce courant du socialisme français incarné par Jules Guesde, a exercé une influence certaine, mais méconnue sur le Parti communiste, en particulier dans le Pas-de-Calais.

Journaliste militant, exilé après la Commune et de retour en France en 1876, Jules Guesde, progressivement acquis aux idées marxistes, fonde le Parti Ouvrier (PO) en 1882. Rebaptisé en Parti Ouvrier Français (POF) en 1893, le parti de Guesde passe de 2 000 adhérents en 1889 à 10 000 en 1893 et 17 000 en 1898. Sur le plan électoral, le POF qui avait obtenu 25 000 voix en 1889 en obtient 160 000 en 1893 et 295 000 aux élections législatives de 1898.

Le parti de Jules Guesde est très influent dans le Nord et dans le Pas-de-Calais : Henri Carette est élu maire de Roubaix en 1892  ; l’année suivante, Jules Guesde lui-même est élu député de la circonscription de Roubaix tandis que Gustave Delory remporte la mairie de Lille en 1896, à la faveur d’une alliance avec les radicaux. En 1902, c’est au tour de Gustave Delory qui avait été réélu maire de Lille aux élections municipales de 1900, d’être élu député.

La fédération du Nord du POF, qui regroupe les adhérents du Nord et du Pas-de-Calais, représente la moitié du total des adhérents du parti guesdiste.

Le POF dans le bassin minier

Le POF s’efforce de s’implanter dans le bassin minier au lendemain des grèves de 1893. Les élus du POF y organisent de nombreuses réunions publiques. L’accueil est parfois hostile, comme à Billy-Montigny où le journal Le Temps rapporte qu’une foule d’environ 3 000 manifestants « patriotes » organise une contre-manifestation pour empêcher la tenue d’une conférence de Gustave Delory et Henri Ghesquière prévue le dimanche 16 août 1896. Les 150 militants socialistes venus de Lens en train sont accueillis par les manifestants nationalistes aux cris de « À bas les sans-patrie  ! ». Plusieurs manifestants sont bousculés et frappés et les gendarmes doivent faire évacuer la salle.

Avion constitue le principal bastion du POF dans le bassin minier. Militant syndicaliste, délégué à la fosse 5, Octave Delcourt est le principal dirigeant du Parti Ouvrier Français sur Avion. Dès 1882, il est correspondant du journal le Forçat créé par les premiers militants du POF dans le Nord-Pas-de-Calais. Delcourt fonde le premier groupe du POF à Avion en 1886, le syndicat et la coopérative ouvrière en 1889. En août 1898, Avion arrive en tête dans le département du Pas-de-Calais pour le nombre d’adhérents, avec 55 cotisants réguliers. L’activité des guesdistes et leurs critiques contre les chefs réformistes du syndicat des mineurs irritent Émile Basly, le puissant député-maire de Lens à la tête du syndicat des mineurs. En avril 1900, Delcourt est exclu du syndicat. La même année, le POF crée un groupe bassin-minier autour d’Avion. Ce groupe POF du bassin minier progresse rapidement : il compte 250 adhérents à sa création, en septembre 1900, et déjà 1 600 fin 1901.

Les guesdistes et la création de la CGT

Sur le plan syndical, les guesdistes, ont fondé la Fédération nationale des syndicats (FNS) en 1886. Pour eux, les syndicats, subordonnés au parti révolutionnaire, doivent avancer des revendications immédiates. Ce positionnement explique le scepticisme des guesdistes sur la question de la grève générale, à laquelle sont favorables les militants anarchistes.

En 1895, la Fédération nationale des syndicats participe à la création de la CGT, aux côtés notamment de la Fédération nationale des Bourses du travail. S’ils y conservent une influence, les guesdistes sont désormais minoritaires au sein de la CGT qui adopte un positionnement syndicaliste-révolutionnaire symbolisé par l’adoption de la charte d’Amiens en 1906.

Si Jules Guesde participera plus tard à l’Union sacrée et restera fidèle à la SFIO, le guesdisme, par son ancrage ouvrier, ses conceptions du lien parti-syndicat et son organisation, influencera durablement le communisme français.

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