Liberté Actus
qrcode:https://liberte-actus.fr/1671

Cet article est lisible à cette adresse sur le site Liberté Actus :

https://https://liberte-actus.fr/1671

Flachez le qrcode suivant pour retrouver l'article en ligne

Par Charles Nègre — Domaine public
Révolution industrielle

Blouse, poésie et Saint Lundi, le réveil d’une classe

Accès abonné
Mise à jour le 9 août 2025
Temps de lecture : 3 minutes

Mots -clé

Histoire Révolution industrielle

Au XIXᵉ siècle, la condition ouvrière est synonyme d’exploitation intense. Mais, dans ce quotidien harassant, émerge peu à peu une conscience de classe, nourrie par les mots, les gestes et les résistances des travailleurs. Poésie ouvrière, distinction vestimentaire et pratiques rebelles comme le Saint Lundi racontent cette montée en puissance d’un sentiment collectif.

Dans l’atelier, dans la rue et jusque dans les chansons populaires, les ouvriers inventent de nouveaux langages pour raconter leur sort. Leur conscience politique ne naît pas d’un seul événement spectaculaire, mais d’une multitude de gestes, de symboles et de créations qui façonnent progressivement un « nous » distinct face à la puissance bourgeoise.

La poésie ouvrière, langue de la dignité prolétaire

Portée par Savinien Lapointe ou Pierre Dupont, la poésie ouvrière s’empare des codes littéraires bourgeois pour dire la misère. En alexandrins, elle raconte la vie rude de l’atelier et l’usure des corps ― jusqu’à devenir cri de ralliement. Surnommée Marseillaise des travailleurs, une chanson de Dupont compare l’ouvrier à une machine, bonne à jeter lorsqu’elle ne produit plus. L’art devient alors outil de prise de conscience : les travailleurs se découvrent un destin commun, opposé à celui des possédants.

Blouse contre habit, quand le vêtement dit la lutte de classes

Au milieu du XIXᵉ siècle, la séparation est nette : la blouse est celle de l’ouvrier, l’habit celui du bourgeois. Le vêtement incarne la division sociale autant qu’il signale la place de chacun. Force de travail à louer d’un côté, respectabilité et propriété de l’autre. Avec le développement de l’industrie textile, certains ouvriers s’offrent des vêtements « à la bourgeoise » pour les jours de fête. Mais rester en blouse le dimanche devient parfois un geste politique, celui d’affirmer sa classe plutôt que la masquer.

Le Saint Lundi

Cette tradition ouvrière, née au XVIIIᵉ siècle et surnommée lundi bleu en Allemagne, consiste à s’octroyer un jour de repos supplémentaire au mépris du règlement. À l’heure où l’industrie impose rythme, horaires et discipline, ce petit sabotage du lundi marque une forme de résistance collective.

Le contrôle du temps de travail

Avec la mécanisation, l’usine dicte le temps : horaires précis, pauses millimétrées, contrôle jusqu’aux allers‐retours aux toilettes. Très vite, les ouvriers développent mille tactiques pour reprendre un peu de souffle : traîner aux sanitaires, grappiller des pauses, pousser la machine à la panne. Aujourd’hui encore, la panne est parfois un moment de répit « volé » à la cadence.

Message d'abonnement

Ces articles peuvent vous intéresser :

Histoire Quand les « Noël rouges » irriguaient la France

Non, il ne s’agit pas d’une ode à la trop célèbre marque du soda américain qui fixa la couleur rouge du Père Noël en 1930 à des fins mercatiques. Les Noël rouges furent, pendant les années de l’entre guerres, la création, par des communistes, de fêtes solidaires et culturelles dégagées de la religion.

Allemagne réunifiée RDA, l’histoire d’un pays disparu que l’Allemagne voudrait effacer

Trente-cinq ans après sa disparition, la RDA reste un champ de bataille. Loin d’un simple débat historiographique, la controverse mémorielle s’est ravivée ces derniers mois : motions de la CDU pour déboulonner les derniers monuments socialistes, relance du débat sur les rues Lénine ou Pieck, polémiques autour des friches de Berlin-Est, enquêtes parlementaires demandées sur la Treuhand.

1937-1938 L’enfer de Nankin

Ce 13 décembre, des millions de Chinois se recueillent à l’occasion de la 88ᵉ commémoration du massacre de Nankin, commis par l’Armée impériale japonaise, qui a causé la mort de près de 300 000 personnes.

Soutenez-nous

Faire un don

En 2024, nous avons bâti un journal unique où les analyses se mêlent à l’actualité, où le récit se mêle au reportage, où la culture se mêle aux questions industrielles et internationales. Faites un don pour continuer l’aventure.