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Pourquoi la commémoration de la grève patriotique des mineurs est-elle importante ?
Il est toujours fabuleux de se dire qu’à partir de Montigny-en-Gohelle, ce mouvement a embrasé le Pas-de-Calais dans la rébellion contre l’occupation allemande qui exigeait toujours plus de production de charbon. Cette grève des mineurs de 1941 est un fait historique qu’il est essentiel de raconter, de transmettre. C’est d’autant plus vrai dans un contexte où, aujourd’hui, la montée des extrêmes droites et les tensions actuelles risquent de nous entraîner vers un nouveau conflit. Il faut rester très vigilant contre le fascisme.
Vous parlez là d’un travail de mémoire indispensable. Comment organisez-vous la transmission vers la jeunesse ?
Ce n’est pas si simple. Les commémorations attirent généralement peu. L’école fait un travail certain pour transmettre cette mémoire, mais elle ne peut le faire qu’avec l’appui des enseignants. Nous menons une réflexion, avec notamment le président de la FNDIRP du Pas-de-Calais, pour donner une portée plus forte à cette transmission. Nous estimons même que cela devrait figurer dans les manuels scolaires.
Toujours dans l’idée de transmettre, le comité d’entente des associations issues des résistances, des déportations et de l’internement dans le Nord et le Pas-de-Calais, a produit un film pédagogique avec le soutien du Conseil régional, de l’Assemblée départementale 62 et du Rectorat. Il s’intitule « Pour que l’Oubli ne s’installe jamais » et a été réalisé avec des élèves du collège Gagarine de Montigny-en-Gohelle et leur professeur Mme Laude. Les jeunes sont ainsi devenus acteurs de ce film et mettent en valeur les hommes et les femmes qui ont participé à la grève patriotique. Ils participent ainsi directement à la transmission de la mémoire de cette époque et de ces lieux.
Que montre précisément ce film ?
Il permet à l’ensemble des classes secondaires de découvrir, chaque année, les neuf lieux de mémoire les plus importants du Nord et du Pas-de-Calais. Nous le diffusons largement avec le soutien des enseignants de bonne volonté et des élus.
Qu’en est-il de l’avenir du monument du Puits Dahomey construit après la guerre ?
Nous souhaitons que l’espace du monument soit retravaillé. Nous voudrions lui donner une stature d’espace mémoriel sur lequel seraient gravés les noms des villes et de ceux qui ont été internés, déportés et fusillés pour avoir participé à la grève patriotique. L’idée est de le rendre beaucoup plus visible dans le quartier du Dahomey, à proximité de La Boussole. Nous allons solliciter la Région, le Département et l’agglomération pour recueillir les fonds nécessaires. Ce projet doit impliquer les associations et organisations concernées dans l’ensemble de l’ex-Bassin minier. Le monument s’intégrerait dans un parcours mémoriel allant bien au-delà de Montigny-en-Gohelle. Nous voulons prendre le temps nécessaire pour le réussir.