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Histoire

Au temps du « Jeune » et du « Vieux syndicat »

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Mise à jour le 3 août 2024
Temps de lecture : 4 minutes

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Syndicalisme

Les affrontements entre « Jeune » et « Vieux syndicat » des mineurs, révolutionnaires contre réformistes, ont profondément marqué la corporation minière et exercé une influence durable sur l’histoire du mouvement ouvrier.

Au début des années 1900, la modération du syndicat des mineurs du Pas-de-Calais, dominé par Émile Basly, le député-maire de Lens, exaspère les guesdistes du POF et les militants révolutionnaires partisans de la grève générale.

La création du « Jeune » syndicat

En 1902, au congrès national d’Alais, plusieurs syndicats quittent le syndicat des mineurs et fondent une fédération nationale concurrente, l’Union fédérale des mineurs. Dans le Pas-de-Calais, après l’échec de la grève de 1902, les militants révolutionnaires créent donc la Fédération syndicale des mineurs du Pas-de-Calais, surnommée le « Jeune syndicat » qui adhère à l’Union fédérale des mineurs. Son premier responsable, Goudemetz, est un militant guesdiste. Dans un souci de légitimation, le Syndicat des mineurs et l’Union fédérale sollicitent leur admission à la CGT, qui est repoussée par les instances confédérales, la CGT ne pouvant pas accepter en son sein deux fédérations de mineurs concurrentes.

Prévue pour 1906, la réunification des deux fédérations de mineurs est repoussée plusieurs fois : derrière les proclamations unitaires des uns et des autres, les militants du Jeune syndicat ne tenaient nullement à se retrouver minoritaires dans une fédération des mineurs réunifiée dominée par les réformistes. De leur côté, Basly et ses amis du Vieux syndicat se sentaient mal à l’aise dans une confédération aux positions trop extrémistes pour eux tandis qu’au siège de la CGT, Victor Griffuelhes, alors secrétaire général, et ses amis anarcho-syndicalistes, étaient peu pressés d’admettre à la CGT un puissant syndicat réformiste, avec le risque de faire basculer les équilibres internes de la CGT en faveur des socialistes réformistes.

Le rôle de Benoît Broutchoux et de L’Action syndicale

C’est dans ce contexte que Benoît Broutchoux devient le leader du Jeune syndicat. Né en 1879 en Saône-et-Loire, mineur à Montceau-les-Mines à l’âge de 14 ans, plusieurs fois poursuivi, Benoît Broutchoux quitte la région de Montceau-les-Mines et réussit à se faire embaucher en 1902 comme mineur à Lens.

À nouveau condamné à l’occasion des grèves de 1902, il sort de prison en 1903 et s’implique alors dans le Jeune syndicat en devenant l’unique permanent et le rédacteur en chef du Réveil syndical, l’hebdomadaire lancé par le Jeune syndicat le 27 avril 1903. En janvier 1904, le Réveil syndical est rebaptisé L’Action syndicale. Le journal de Broutchoux tire entre 3 500 et 5 000 exemplaires et revendique lutter contre les religions, le militarisme, le patronat et les « fumistes », c’est-à-dire Basly et les « baslycots » moqués et accusés chaque semaine d’être des réformistes et des « jaunes ».

La grève qui suit la catastrophe de Courrières de 1906 marque l’apogée du « Jeune syndicat ». Les effectifs qui étaient d’environ 600 adhérents au premier trimestre 1906 grimpent à 1 500 sous l’effet de la grève des mineurs, contre 20 000 adhérents revendiqués pour le Vieux syndicat.

En août 1908, la Fédération des syndicats de mineurs dont fait partie le vieux syndicat du Pas-de-Calais est admise à la CGT. Entre temps, en avril 1908, le jeune syndicat, pour ne pas se retrouver isolé, adhère à la Fédération des ardoisiers dont il est finalement exclu pour non-paiement des cotisations en mai 1909.

Ce qui reste du Jeune syndicat se mue peu à peu en un groupement anarchiste et finit par adhérer à la nouvelle Fédération des travailleurs du sous-sol de la CGT au congrès d’Albi en 1910. Broutchoux lui-même adhère à la section de Lens du « vieux syndicat ».

L’influence broutchoutiste ne disparaît pas pour autant : beaucoup d’anciens broutchoutistes participeront à la fondation de la CGT Unitaire lors de la scission de 1922.

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