Sans difficulté, la municipalité noyelloise dirigée depuis 1932 par le communiste Henri Darras accorde deux mille francs de subvention à la société sportive noyelloise de gymnastique pour son fonctionnement et lui verse une subvention complémentaire de deux mille francs « pour son déplacement au concours international sportif de Paris, qui aura lieu du 11 au 15 août ».
Fédération omnisports lancée en 1908 par des sportifs socialistes et liée à la SFIO, la FST connaît une scission peu après le Congrès de Tours qui donne naissance au Parti communiste. En juillet 1923, lors du congrès de Montreuil, les délégués communistes votent l’adhésion à l’Internationale rouge des sports (IRS ou Sportintern) plutôt qu’à l’Internationale sportive de Lucerne (ISL) qui fédérait les fédérations sportives ouvrières d’obédience socialiste.
L’ancienne direction conteste le résultat du congrès, provoquant l’éclatement de la FST en deux FST concurrentes, qui gardent toutes deux la même dénomination jusqu’en 1926. Pour éviter toute confusion avec la FST pro-communiste, les sportifs socialistes adoptent le nom d’Union des sociétés sportives et gymniques du travail (USSGT).
Le concours international sportif dont il est question dans la délibération adoptée par la mairie de Noyelles-Godault n’est autre que le « Rassemblement international des sportifs contre le fascisme et la guerre » de Paris, en d’autres termes, la troisième « Spartakiade » après celles de 1928 à Moscou et de 1931 à Berlin.
Les Spartakiades contre les Jeux olympiques
Sport dans l'histoire
Magazines : Quand la presse sportive communiste devient objet d’histoireLa première édition des Spartakiades s’était tenue du 12 août au 24 août 1928 à Moscou, en opposition aux Jeux olympiques d’Amsterdam et en parallèle du 6ᵉ congrès de l’Internationale communiste. La compétition rassemble près de 4 000 sportifs soviétiques et 600 sportifs étrangers venus d’une douzaine de pays.
En créant les Spartakiades, l’URSS et l’IRS ont pour but de montrer la supériorité du système soviétique sur le monde capitaliste et de glorifier les réalisations de l’URSS dont les sportifs étrangers seront les témoins et les ambassadeurs à leur retour dans leur pays.
Les troisièmes Spartakiades auraient dû se tenir à Saint-Denis, dans le fief de Jacques Doriot, alors président de la FST, mais Doriot ayant été exclu du PCF en juin 1934, l’événement se déroule finalement au stade Pershing de Paris.
La compétition rassemble 3 000 sportifs, dont 1 200 sportifs étrangers, devant 20 000 spectateurs. Le Pas-de-Calais y est représenté par les gymnastes des clubs FST de Montigny-en-Gohelle et de Noyelles-Godault. Quelques semaines après les manifestations du 14 juillet 1934, le rassemblement international des sportifs contre le fascisme et la guerre est l’occasion pour la FST de tendre la main à l’USSGT en vue de réaliser l’unité des deux organisations de sport travailliste.
Dans le Pas-de-Calais, le congrès de fusion entre les fédérations départementales USSGT et FST a lieu le 30 juin 1935 en présence d’Auguste Delaune, le secrétaire général de la toute nouvelle Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT). 34 des 48 clubs ouvriers affiliés à l’une ou l’autre des deux fédérations sportives travaillistes y sont représentés. C’est le socialiste Pierre Courtin qui est élu secrétaire général de la FSGT du Pas-de-Calais, le communiste Henri Darras étant nommé vice-président.
Les Spartakiades de Paris seront les dernières organisées par l’IRS, qui est dissoute en 1937. En 1952, l’URSS participe pour la première fois aux Jeux olympiques à Helsinki. Les Spartakiades renaîtront sous une autre forme en URSS. Événement sportif de masse, elles ne concernent plus désormais que les sportifs soviétiques.