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Histoire

Arthur Lepers, un Montignynois tué à Clichy

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Mise à jour le 26 juillet 2024
Temps de lecture : 4 minutes

Qui se souvient encore d’Arthur Lepers ? À Harnes où il est né et à Montigny-en-Gohelle où il a vécu et où il est enterré, aucune rue ne porte son nom. Comme si son nom avait disparu de la mémoire collective des communistes du Pas-de-Calais.

Les funérailles d’Arthur Lepers et des autres victimes de la fusillade de Clichy, le 21 mars 1937, ont pourtant rassemblé un million de personnes, selon Le Populaire et L’Humanité, faisant de l’hommage aux manifestants tués à Clichy, le 16 mars 1937, l’une des plus importantes manifestations du Front populaire.

Rien ne prédestinait Arthur Lepers à devenir l’un des martyrs de l’antifascisme.

Né en 1906 à Harnes, Arthur Lepers exerce les professions de cimentier et ferrailleur dans sa ville natale. Il effectue son service militaire en Tunisie de 1926 à 1928 et, à son retour, choisit de s’installer à Montigny-en-Gohelle. Il quitte le Pas-de-Calais en 1933 pour s’installer en région parisienne à Saint-Ouen.

Une contre-manifestation antifasciste à Clichy

Militant communiste, il participe à la contre-manifestation organisée le 16 mars 1937 à l’appel de Charles Auffray, le maire SFIO de Clichy, du conseiller général et premier adjoint Maurice Naile, communiste, et du député également communiste Maurice Honel qui appellent les habitants de Clichy et les militants des partis du Front populaire à se rassembler devant l’hôtel de ville pour protester contre une réunion du Parti social français au cinéma Olympia. L’appel à la contre-manifestation évoque à tort la présence du colonel de La Rocque, leader du PSF, dont la venue constitue, aux yeux de la gauche, une véritable provocation.

Fondé en 1936 au lendemain de la dissolution de la ligue des Croix de Feu par le gouvernement du Front populaire, le PSF est un parti nationaliste qui se classe à la droite de la droite. Avec près de 800 000 adhérents en 1937, le parti du colonel de La Rocque est perçu comme un avatar du fascisme par les partis de gauche. Les communistes réclament son interdiction.

La contre-manifestation de Clichy vire malheureusement au drame. À la suite de coups de feu dont l’origine est encore aujourd’hui incertaine, la foule des manifestants prend à partie les forces de l’ordre chargées de protéger la réunion du PSF, qui ouvrent le feu sur les contre-manifestants.

Un bilan dramatique

La fusillade fait cinq morts sur le coup et 321 blessés dans les rangs des manifestants, 255 blessés du côté des forces de l’ordre. Dans les jours qui suivent, une sixième manifestante et deux gardes mobiles décèdent de leurs blessures.

René Chrétien, Emile Mahé, Victor Maegerman, Arthur Lepers et Marcel Cerruti étaient tous communistes. Solange Demangel, qui décède de ses blessures le 1ᵉʳ mai, était socialiste.

La fusillade de Clichy ébranle le Front populaire. Léon Blum refuse la démission de son ministre de l’Intérieur, Marx Dormoy et songe un temps à démissionner. Les communistes dénoncent la brutalité policière et reprochent à Blum et aux socialistes, vivement critiqués pour avoir annoncé une « pause » dans les réformes sociales le mois précédent, en février 1937, d’avoir renoncé à s’attaquer aux fascistes.

Au lendemain des funérailles des cinq victimes de Clichy, le corps d’Arthur Lepers est rapatrié dans le Pas-de-Calais, à la demande de sa famille. Des nouvelles funérailles sont organisées le 23 mars à Montigny-en-Gohelle.

Elles sont l’occasion d’une polémique qui oppose l’ancien maire communiste Gustave Lecointe et son prédécesseur, Émile Delabre, redevenu maire en 1935 avec le soutien de la SFIO, accusé par le Parti communiste d’avoir organisé les funérailles en catimini. Delabre a beau jeu de répondre que Lepers était harnésien, qu’il aurait été logique que la famille privilégie un enterrement à Harnes et que c’est sa propre famille qui refusait que l’enterrement à Montigny-en-Gohelle se transforme en démonstration politique.

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