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David Noël
Portrait

Adolphe Mangematin, un secrétaire de la CGTU devenu maire communiste

Accès libre
Mise à jour le 17 mai 2024
Temps de lecture : 3 minutes

Le nom d’Adolphe Mangematin est aujourd’hui largement oublié, hormis à Harnes où l’ancien maire possède une rue à son nom, non loin de la rue Jean Jaurès.

Qui était le premier maire communiste de Harnes ?

Né en 1892 à Montigny-en-Gohelle, Adolphe Mangematin dut travailler à la mine dès l’âge de 12 ans. Engagé volontaire en 1910, il est incorporé au 1ᵉʳ régiment de zouaves et participe aux opérations militaires au Maroc jusqu’en 1913. Rappelé sous les drapeaux à la déclaration de guerre, il est affecté au 2ᵉ régiment du Génie. Plusieurs fois blessé, il est nommé sergent en 1916 et décoré de la Croix de guerre avant d’être envoyé comme affecté spécial aux Mines de Ferfay en 1917.

Un cadre communiste et unitaire (1921-1929)

Élu délégué-mineur suppléant, en 1921, à la fosse 9 des mines de Courrières, Mangematin rejoint le Parti communiste et participe au Congrès de Marseille de 1921. Il est l’un des animateurs des Comités syndicalistes révolutionnaires (CSR) de la CGT dans le Pas-de-Calais et, après la scission de la CGT, devient le premier secrétaire de l’Union départementale CGTU du Pas-de-Calais de mars 1922 à 1924.

Membre du comité de rayon de Lens, Mangematin est l’un des animateurs de la lutte contre l’occupation de la Ruhr en 1923, puis contre la guerre du Rif en 1925. C’est dans ce cadre qu’il est condamné par la Cour d’appel de Douai pour outrage à agent en mai 1925. Candidat aux élections cantonales, dans le canton de Lens-Est en 1921 et aux législatives de 1928 dans la 2ᵉ circonscription de Béthune, il est élu maire de Harnes à la suite des élections municipales de mai 1929 qui lui valent une nouvelle condamnation pour injures publiques et diffamation, amnistiée par la loi du 26 décembre 1931.

Le premier maire communiste de Harnes (1929-1939)

Quelques semaines après son élection comme maire, Mangematin est exclu du Parti communiste qui lui reproche de « graves fautes politiques » qu’il conteste, reconnaissant au plus des « erreurs de malice ». Entre les deux tours des élections municipales de 1929, il aurait élargi sa liste à des non-communistes afin de battre les socialistes. On lui reproche également d’avoir fait une campagne trop « personnelle » et d’avoir capitalisé sur sa notoriété de délégué-mineur.

Exclu du PCF, Mangematin se rapproche de la tendance oppositionnelle de la CGTU, principalement animée par la Fédération unitaire de l’enseignement. Il est violemment critiqué par la presse communiste qui en fait le symbole de « l’opportunisme ».

Mangematin est cependant constamment réélu délégué-mineur. Aux côtés des communistes, il s’oppose à la dénaturalisation et à l’expulsion de Thomas Olszanski, permanent de la CGTU en charge de la propagande en direction de la main d’œuvre polonaise, et fait voter une motion de soutien à Olszanski par le conseil municipal de Harnes en juillet 1932.

La demande de réintégration au Parti communiste d’Adolphe Mangematin est acceptée lors de la réunion du secrétariat du 13 septembre 1937, avant d’être annoncée dans l’Enchaîné qui précise que le bureau régional et la cellule de Harnes ont donné leur accord et se réjouissent de voir « l’union de toute la population laborieuse de Harnes […] réalisée à nouveau ».

Il restera fidèle au Parti communiste jusqu’à sa mort, le 18 juin 1939, à l’âge de 47 ans.

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