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Le 1er mai dans l'Histoire

135 ans de batailles pour les travailleurs

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Temps de lecture : 3 minutes

Le 1ᵉʳ mai 1891 et le 1ᵉʳ mai 1941, dans le Nord – Pas-de-Calais, illustrent deux façons profondément différentes d’organiser cette journée de lutte. Retour sur l’Histoire.

Une journée de grève et de manifestations dans le monde entier pour une journée de travail de 8 heures. Tel était le sens du congrès socialiste international, dit « marxiste », réuni le 20 juillet 1889 à Paris, rue de Rochechouart. Ainsi commence l’histoire du 1ᵉʳ mai. En avril 1891, dans le petit centre textile de Fourmies et Wignehies, le 1ᵉʳ mai se prépare. Alors que des affiches appellent à la grève, le patronat local s’inquiète et demande au maire de faire venir l’armée.

La République tire sur des travailleurs

Au matin du 1ᵉʳ mai, une manifestation sans violence se déroule devant la mairie de Fourmies (Nord) avec deux mots d’ordre : « C’est 8 h qu’il nous faut ! Libérez nos camarades !  » Mais dans l’après-midi, la troupe arrive en train à la gare de Fourmies et se dirige vers la place.

Vers 18 h 25, alors que 150 ouvriers manifestent sur la place, le commandant Chapus ordonne le tir, sans sommation. Les soldats utilisent un fusil ultra-moderne, le Lebel. Neuf victimes, dont plusieurs très jeunes enfants ! Des dizaines de Fourmisiens sont gravement blessés. Le couvre-feu est imposé… Très vite, la nouvelle se répand et un grand mouvement de solidarité venu du monde entier s’organise.

Le 1ᵉʳ mai de Fourmies va profondément marquer l’histoire ouvrière : pour la première fois, la République fait tirer sur des travailleurs ! Début juillet 1891, Paul Lafargue et Hippolyte Culine (qui avait organisé le Parti ouvrier français deux ans plus tôt), sont condamnés à plusieurs mois de prison pour avoir organisé ce 1ᵉʳ mai à Fourmies.

1941 : drapeaux rouges sur le Bassin minier

10 juillet 1940, l’Allemagne d’Hitler occupe deux tiers de la France. À Vichy, la réaction est désormais au pouvoir : la lutte contre les communistes, les Juifs et les francs-maçons est à l’ordre du jour. La Révolution française est vilipendée.

Dès l’été 1940, les réactions face à l’Occupant et au régime de Vichy s’organisent malgré la peur, la censure, les lois d’exception. Le 27 juillet, Martha Desrumaux organise une réunion clandestine avec des responsables des mineurs, des verriers, des métallos et des jeunesses communistes... Elle les convainc de mobiliser les « Gueules noires » afin de déployer un vaste mouvement de grève qui couvre le Bassin mineur Nord – Pas-de-Calais, le plus vaste de France. Le 1er mai 1941 est un moment fort de la préparation de la grève. Pour tenter d’invisibiliser ce mouvement, Vichy décide de faire du 1er mai une journée chômée et payée et de l’appeler « Fête du travail et de la concorde sociale » !

Dans le Nord – Pas-de-Calais, les travailleurs français, polonais, italiens… se mobilisent. Parmi eux : Jules Boussingault, Henri Fiévez, Marcel Normand, Eusebio Ferrari, Germinal Martel, Gustave Lecointe, Nestor Calonne, Julien Hapiot, Auguste Lecoeur, Michel Brûlé, Jean Pavlovski, Eugène Thiémé…, des femmes comme Gabrielle Pollet, Suzanne Lanoy, Émilienne Mopty, Esther Brun, Marie Bigotte.

Durant la nuit du 30 avril au 1ᵉʳ mai, les voici fabriquant des drapeaux rouges et des bannières tricolores. Au matin, gendarmes, policiers, forces allemandes voient le Bassin minier orné des symboles de la Résistance patriotique naissante. C’est un succès d’autant plus important que ce 1ᵉʳ mai magnifique revendicatif a été réalisé sans opposition frontale avec les forces de répression françaises ou allemandes qui auraient entraîné le solo funèbre du mouvement ouvrier.

Quatre-vingt-quatre ans plus tard, ce 1ᵉʳ mai 2024 va faire émerger le combat des travailleurs pour la Paix et le cessez-le-feu en Ukraine, en Palestine et dans le monde entier.

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