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À lire dans La Pensée

Les approches matérialistes du langage et l’enseignement de l’esprit critique

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Mise à jour le 4 juin 2025
Temps de lecture : 5 minutes

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Revues

Le numéro 421 de La Pensée, la revue trimestrielle éditée par la Fondation Gabriel Péri, vient de paraître avec au sommaire deux dossiers thématiques.

Le premier dossier thématique est consacré à la question du langage et de la langue, en proposant une diversité d’approches qui relèvent du matérialisme. Il réactive ainsi une longue tradition de publications que La Pensée a consacrées par le passé à ce champ de recherche. Surtout, il montre le renouvellement de ces approches dans la continuité avec des chercheurs actuels.

Diversité de la linguistique matérialiste

Après la présentation du dossier par Hugo Dumoulin, docteur en philosophie à l’Université Paris-Nanterre et Hervé Adami, professeur en sociolinguistique à l’Université de Lorraine, qui montrent la diversité d’une linguistique matérialiste, la linguiste Josiane Boutet, ancienne professeure à l’IUFM de Paris qui compte parmi les fondatrices de la sociolinguistique en France dans les années 1970, argumente en faveur d’une conception des langues comme praxis en lien avec la matérialité du travail.

Dans son article « Approche matérialiste et sociolinguistique des interactions verbales », Virginie André propose un interactionnisme matérialiste en appui sur la critique de l’interactionnisme symbolique.

Hervé Adami insiste sur la relation dialectique entre histoire des langues et conditions matérielles des locuteurs ; Frédérique Sitri, professeure en sciences du langage à l’Université Paris-Est Créteil, revendique l’angle de la matérialité des formes langagières comme point d’entrée dans une analyse du discours distinguée ainsi de la seule interprétation des intentions des locuteurs. Enfin, Jacqueline Authier-Revuz, professeure émérite de linguistique française à l’Université Paris III, livre un entretien qui met en perspective ces questions actuelles avec les débats linguistiques du Centre d’études et de recherches marxistes (CerM) sur Saussure, Bakhtine, Volochinov et Marr, dans lesquels elle a joué un rôle central.

L’esprit critique face au climatoscepticisme

Le second dossier de ce numéro 421 de La Pensée aborde les défis de l’enseignement de l’esprit critique au collège et au lycée, en histoire, en géographie et en sciences économiques et sociales, lorsque les élèves sont invités à prendre la parole, non pas pour en rester à leurs représentations, mais apprennent et se déplacent intellectuellement.

Lucie Gomes, maîtresse de conférences en didactique de l’histoire à l’université de Limoges, s’est intéressée à une démarche didactique de muséohistoire pour développer les compétences critiques des élèves lors de visites scolaires à partir d’une enquête sur les narratifs d’une exposition d’objets retrouvés à Oradour-sur-Glane.

Cédric Naudet, maître de conférences en science de l’éducation et de la formation, à l’Université Paris-Est et à l’INSPÉ de Créteil s’est intéressé aux programmes scolaires de géographie et aux pratiques ordinaires dans les classes quand les professeurs abordent le changement climatique. Face au climatoscepticisme, il est crucial, montre Cédric Naudet, d’éveiller l’esprit critique des élèves en expliquant les blocages politiques et les débats contradictoires.

Enfin, Igor Martinache, agrégé de sciences sociales et maître de conférences à l’Université de Paris-Nanterre, se demande si le débat a encore sa place dans les cours de sciences économiques et sociales au lycée, qui font régulièrement l’objet de critiques pour des motifs souvent idéologiques.

Réinventer un militantisme de masse démocratique

Dans la rubrique « Le cours des idées », Xénophon Tenezakis, professeur agrégé de philosophie, s’interroge dans son article intitulé « Réinventer un militantisme de masse démocratique » sur les tensions propres à certains mouvements sociaux récents et l’influence de catégories et pratiques néolibérales sur l’action collective. Pour l’auteur, il est possible d’imaginer d’autres formes de pratiques collectives, inspirées du militantisme de masse de la première moitié du XXe siècle, tout en les démocratisant davantage.

Etienne Lamarche, maître de conférences à l’université de Nanterre, docteur en histoire du droit, revient quant à lui sur la manière dont les premières communautés socialistes fondées sur le sol états-unien, influencées par les idées de Charles Fourier et d’Étienne Cabet, se sont drapées dans les formes légales issues du droit commercial, cherchant à exploiter le droit étatique pour fonder leur propre système de normes socialistes, ce qui les a contraintes à limiter leurs pratiques et leur radicalité, jouant ainsi un rôle important dans la fin prématurée que connaissent ces expériences.

La Pensée est disponible sur la plate-forme Cairn.

On peut commander le nouveau numéro ou s’abonner à la revue sur le site de la Fondation Gabriel Péri
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