Son jardin, sans limites, a pour centre une cathédrale, celle de Meaux, dominante, attirante mais qui se refuse, d’abord fermée. Une femme, quatre hommes, se croisent près de l’édifice. Les liens délicats de l’amitié, de l’amour, tissent alors le subtil manteau de la vie. Il s’agit du huis-clos du monde inscrit en cinq regards qui se cherchent, s’éloignent, se retrouvent, plongent dans le vide, se raccrochent aux aspérités des certitudes, mettent en évidence les absurdités et les beautés, les trahisons et les promesses du monde dans lequel nous vivons, ou souvent pataugeons.
Ces cinq porte-voix permettent à Valère Staraselski de déployer une vaste intelligence du monde, non en concepts dénués de toute incarnation mais en se saisissant de l’expérience, la sienne et celle de l’autre par empathie, comme matière à travailler pour en extraire les impuretés avant d’en faire de fiables pierres à bâtir. Nous ne nous rendons jamais assez compte combien le quotidien, qui souvent nous lasse, est une formidable école d’apprentissage, combien la banalité est porteuse d’une grande sagesse. C’est une question de regard, et d’intensité de regard.