Vous écrivez que votre livre a vocation à rendre sa juste place à Ambroise Croizat sans effacer Pierre Laroque dans la construction de la Sécurité sociale. Pourquoi ?
Emmanuel Defouloy : C’est très important. Ambroise Croizat et Pierre Laroque, qui était haut-fonctionnaire, ont bâti notre Sécurité sociale ensemble. On fête les 80 ans de la Sécurité sociale et on célèbre cette année les 130 ans de la CGT. Il m’a semblé pertinent, dans ce double cadre, de rafraîchir la mémoire sur Croizat parce qu’il relie les deux histoires. Il incarne l’apport des luttes du mouvement ouvrier pour bâtir notre système social tel qu’il existe encore en grande partie aujourd’hui. Pour autant, je n’ai pas écrit une hagiographie. Concernant la Sécurité sociale, le mouvement ouvrier a été très important, mais le rôle de l’administration, de Laroque et du ministre Parodi l’a été également. Laroque a conçu le système à partir d’une base essentielle du Conseil national de la Résistance mais dont de nombreux points n’étaient pas tranchés. Mais c’est grâce au mouvement ouvrier, à la CGT (dont Croizat a été le dirigeant de la fédération des métaux, la plus forte en nombre d’adhérents) et en partie au…