Qu’il soit l’amant de Vérone, le petit charpentier de Casque d’Or ou le garde-chasse du Prince Salina, véritable voix du peuple dans le Guépard de Visconti, Serge Reggiani était de cette équipée franchement populaire au milieu du show-biz naissant des années 1950.
Une enfance gâchée par le fascisme
Né à Reggio Emilia, au cœur de l’Italie mussolinienne, le petit Sergio est marqué par le quotidien de labeur des ouvriers et des paysans, de ceux qui votent rouge. Dans cette capitale de l’une des plus riches régions du pays, Ferruccio, son père, est coiffeur. Sa mère, Letizia, garde « d’insupportables bébés de riches » comme il l’écrit dans ses Derniers courriers avant la nuit.
Confronté dès sa naissance aux « saloperies » de chemises noires, Reggiani évoque une « ville en noir et blanc comme les films du réalisme italien, comme les mémoires tronquées et les visions du lointain passé, comme l’affrontement des fascistes et des démocrates ».
À 8 ans, il s’en va rejoindre son père en France. Il avait fui les autorités fascistes. Direction Yvetot, en Normandie. Une période difficile qu’il raconte par ses souvenirs à l’école. Des premiers jours terribles, des bagarres, des injures, car il…