Pour ces dernières, c’est un sacré boulot : faire accepter son spectacle par les structures du « off », trouver une salle, se loger, venir sur les bords du Rhône, tracter avant et après le spectacle pour attirer promeneurs et badauds, dénicher un journaliste sans être sûr que l’article paraîtra, sans compter la chaleur, le bruit, les rafales du mistral, l’énervement.
J’ai connu Avignon en 2003, en pleine canicule, lors de la grève des intermittents. Avec le Secours populaire, nous essayions de mettre en œuvre l’accès des personnes en difficulté aux manifestations et pratiques culturelles. Je me souviens d’avoir côtoyé Armand Gatti, venu avec le Théâtre universitaire de Franche-Comté. Avec de jeunes comédiens, nous débattions dans un tumulte permanent, foisonnant et complexe : larmes et joie, plaisir d’être ensemble, peur du lendemain ; certains voulaient jouer à tout prix, d’autres se battaient pour faire grève… Difficulté de construire une lutte en respectant chacun.
Ces trois jeunes (ils n’ont pas trente ans) ont formé leur compagnie : Le Phénix des Réalités, basée à Lille. Une metteuse en scène et autrice, Amandine Dufour, deux comédiens, Manon Carlier et Maxime Vasseur, originaires de Beuvrages au cœur du bassin minier. Ils se sont rencontrés à Lille III, en préparant la licence Arts de la scène, puis le Master Théories et pratiques du théâtre contemporain.
Maxime Vasseur : « Nous nous sommes mis à écrire, écrire pour le théâtre, une véritable passion. J’avais déjà écrit un premier spectacle, La Chambre du loup, relecture du Petit Chaperon rouge. Avec Amandine et Manon, nous avons créé La passion J, autour de Don Juan, puis La Tempête, mettant en scène une rupture amoureuse ; auparavant, nous avions présenté Le Crève-cœur, sur le développement durable, le deuil de notre planète. À chaque fois, nous partons d’une œuvre ou d’un thème classique que nous faisons revivre en l’adaptant aux réalités contemporaines ».
Ils ont trouvé une salle place Pie, au cœur d’Avignon. Depuis quinze jours, ils présentent leur dernier spectacle, L’Élixir, thriller inspiré d’un fait réel : « Nous l’avons découvert dans le best-seller de Süskind, Le Parfum, roman atypique au dénouement surprenant, où les descriptions font appel à l’odorat ». En ce mois de juillet, ils sont heureux : leur spectacle accueille de nombreux spectateurs, ce qui est loin d’être toujours le cas à Avignon pour des spectacles du « off » ; on a déjà vu des troupes jouer devant un ou deux spectateurs. Revenus dans le Nord, ils attendent avec impatience des contacts avec des partenaires, municipalités, comités d’entreprise, établissements scolaires, pour présenter leurs spectacles.
Sur Facebook : Le Phénix des Réalités
Sur Instagram : phenix_des_realites