Fondée en 2020 et dirigée par Jean-Numa Ducange, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Rouen, cette revue d’histoire semestrielle a l’ambition de défendre une histoire du mouvement ouvrier « depuis Spartacus » jusqu’aux « quatre Internationales » et « sur les cinq continents » dans la lignée des Cahiers du mouvement ouvrier dirigés par Jean-Jacques Marie dont la parution papier a cessé depuis 2020.
Après de précédents dossiers consacrés à Engels, Rosa Luxemburg, Marx en France, ou encore à Lénine, la nouvelle livraison de la revue s’intéresse au mouvement ouvrier américain, qui reste peu connu en France.
La diversité du mouvement ouvrier américain
Donna Kesselman, professeure à l’université Paris Est-Créteil, sociologue du travail et spécialiste des droits sociaux aux États-Unis, s’est intéressée au congrès de fondation des Industrial Workers of the World (IWW) en 1905. Roger Revuz, professeur agrégé d’histoire-géographie, consacre un article à Joe Hill, syndicaliste, membre du syndicat IWW et exécuté pour meurtre après un procès controversé en 1915. Catherine Collomp, professeure émérite à l’université Paris-Diderot et spécialiste de l’histoire de l’immigration et du mouvement ouvrier aux États-Unis s’est penchée sur l’opposition au régime nazi dans le mouvement ouvrier américain et sur le rôle du Jewish Labor Committee (1934-1945).
On retrouve également dans le dossier un article de Brian Kelly sur les lendemains de la guerre de Sécession titré « La reconstruction (1865-1877) : ’’une grande opportunité manquée" », un article de Cody R. Melcher et Michael Goldfield sur le New Deal s’interrogeant « Le New deal, législation sociale progressiste ou "gestion des affaires communes de la bourgeoisie" » ainsi qu’un article de l’historien canadien Bryan D. Palmer autour de son livre consacré à James P. Cannon et à l’émergence du trotskysme aux États-Unis.
Parmi les articles varia, on signalera notamment la deuxième partie de l’article d’Éric Aunoble sur « la bureaucratie, fille (il)légitime de la révolution », un article de Lorenzo Varaldo sur l’épisode méconnu de l’appel lancé en 1935 par Togliatti et la direction du Parti communiste italien aux fascistes pour appliquer le programme fasciste de 1919, un article de Julien Chuzeville sur l’évolution révolutionnaire de Jaurès, un article de l’historienne Marion Labeÿ consacré à « Victor Fay et le mouvement ouvrier français » ou encore un article de Roger Revuz sur « François-Vincent Raspail : candidat socialiste révolutionnaire à la première élection présidentielle en décembre 1848 ».
Pierre-Henri Lagedamon, professeur en lycée professionnel, chargé de TD à l’Université de Rouen et doctorant en histoire contemporaine s’est intéressé à « L’austro-marxisme, un marxisme au pluriel », Jean-Pierre Molénat, directeur de recherches émérite à l’Institut de recherche et d’histoire des textes (IRHT), à la Première République espagnole de 1873, à la scission de la Première Internationale et aux insurrections cantonalistes et Hervé Chuberre, enseignant à l’Enssat, au lien entre combat philosophique et combat politique chez Lénine.
Enfin, on lira avec intérêt l’entretien réalisé par Roger Revuz et Rémy Janneau avec Marc Belissa, maître de conférences en histoire moderne à l’Université Paris-Nanterre, autour de son dernier ouvrage sur « La Révolution française et les colonies ».
Ce huitième numéro de la revue Molcer s’achève avec quelques comptes-rendus de lecture, notamment autour des livres de Jean Quétier sur « Le travail de parti de Marx » et sur son récent recueil de textes de Marx publié aux Éditions sociales sous le titre « Sur le parti révolutionnaire ».
Un certain nombre de suppléments à la revue sont disponibles sur le site Molcer où l’on peut également s’abonner à la revue.