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Jean-Pierre Dalbéra - CC BY 2.0
Trois regards sur un couple d’artistes

Une journée autour de Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely

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Mise à jour le 1er août 2025
Temps de lecture : 4 minutes

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Art Exposition

Paris offre en ce moment une belle occasion de (re)découvrir deux figures majeures de l’art du XXᵉ siècle : Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely. Amants, complices, collaborateurs, les deux artistes ont marqué leur époque par un art ludique, libre et engagé, à la croisée de la mécanique et de l’imaginaire.

Trois expositions, ou haltes artistiques, permettent de saisir la richesse de leur œuvre.

Un voyage dans l’œuvre conjointe au Grand Palais

La grande exposition du Grand Palais rend hommage à Jean Tinguely, Niki de Saint Phalle et à leur ami Pontus Hultén, figure majeure de l’art moderne européen. Elle retrace quarante ans de création, entre expérimentations mécaniques et fantasmagories colorées.

On y découvre d’abord le travail de Tinguely dans les années 1950, influencé par le suprématisme russe (Malévitch, El Lissitzky). Ses sculptures géométriques, motorisées, prennent vie sous forme de mobiles absurdes et poétiques. L’exposition montre aussi ses œuvres aujourd’hui disparues, comme Homage to New York (1960), machine s’autodétruisant sous les yeux du public.

En regard, l’œuvre de Niki de Saint Phalle explose littéralement à travers ses fameux « tirs » — toiles créées en tirant sur des poches de peinture — et ses Nanas, sculptures colorées et rondes, incarnations joyeuses de la femme moderne. Autodidacte, elle revendique une forme d’art brut, influencée notamment par Dubuffet.

Leur collaboration culmine avec Hon/Elle, sculpture monumentale présentée à Stockholm en 1966. Cette immense femme allongée, enceinte, se visitait de l’intérieur : une entrée par l’entrejambe, des salles intérieures, une terrasse sur le ventre. Une œuvre totale et éphémère, emblématique de leur démarche.

Enfin, le Grand Palais évoque la genèse du Cyclop, œuvre monumentale construite à Milly-la-Forêt jusqu’en 1994, dans une clairière, par Tinguely, Saint Phalle et leurs amis (dont César). Vingt-deux mètres de hauteur, une face en miroir, une langue-toboggan : un chef-d’œuvre d’art total, désormais propriété de l’État.

La mythologie intime de Niki à la galerie Mitterrand

Pour compléter cette immersion, la galerie Mitterrand consacre une exposition personnelle à Niki de Saint Phalle (Mythologie, jusqu’au 26 juillet 2025), sur ses deux sites parisiens. On y découvre une sélection plus onirique et plus introspective de l’artiste : Nanas, bien sûr, mais aussi un arbre aux serpents, des croquis et des figures féminines fantastiques.

Cette exposition, à entrée libre, permet de mieux saisir la richesse imaginative de l’artiste, au-delà des œuvres les plus connues. Une manière d’entrer dans son monde intérieur, à la fois solaire et tourmenté.

La fontaine Stravinsky, l’art dans la ville

Dernière étape de ce parcours, la fontaine Stravinsky, à deux pas du Centre Pompidou, réunit les deux artistes dans l’espace public. Inaugurée en 1983, elle associe les formes mécaniques de Tinguely aux sculptures pop et colorées de Saint Phalle. Ensemble, ils rendent hommage au compositeur russe à travers un ballet aquatique joyeux et urbain.

Certains des motifs exposés au Grand Palais prennent ici une autre dimension, intégrés au paysage quotidien. Le fantastique entre dans la ville  ; le jeu devient art de vivre.

Ces trois lieux offrent une plongée sensible dans l’univers de deux artistes inclassables, libres et généreux. On peut les découvrir séparément ou enchaîner les visites dans la même journée. Une manière de mieux comprendre l’esprit d’un couple qui, en art comme dans la vie, n’a cessé de créer des mondes à part.

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