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Portrait de Boris Taslitzky par Amrita Sher-Gil Domaine Public
Peinture

Redécouvrir Boris Taslitzky, artiste, déporté, peintre engagé

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Mise à jour le 23 mai 2025
Temps de lecture : 3 minutes

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PCF Peinture

En avril dernier, le Musée de l’Histoire vivante organisait une après-midi chaleureuse autour de l’œuvre et du parcours de Boris Taslitzky (1911-2005).

Situé au parc Montreau à Montreuil, le musée vient tout juste de récupérer un tableau monumental du peintre, Hommage à Daumier (1947). Pour en financer la restauration, une souscription a été lancée.

Ce tableau vient enrichir une collection déjà précieuse, qui comprend notamment La mort de Danielle Casanova. Cette œuvre avait été exposée sur la place du Colonel Fabien à l’occasion de l’exposition Libres comme l’art, organisée pour le centenaire du Parti communiste français.

Peindre l’enfer

Militant communiste, Boris Taslitzky a fait l’objet de plusieurs présentations lors de cet événement, en présence de sa fille Évelyne Taslitzky, devant une salle comble. Après quelques prises de parole, plusieurs extraits du documentaire L’atelier de Boris (2004), réalisé par Christophe Cognet — également présent — sont venus illustrer la richesse de son parcours artistique.

Le parcours antifasciste de Boris Taslitzky, au sein de l’Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires et du PCF, a occupé une place centrale dans les échanges. Emprisonné pour actes de résistance, il réalisa des fresques au camp de Saint-Sulpice-la-Pointe, aussi bien dans les baraquements que dans la chapelle. Ce travail lui valut le surnom de Maître de Saint-Sulpice, attribué par Louis Aragon dans la revue Regards en 1945.

Déporté au camp de Buchenwald, Taslitzky poursuivit son œuvre clandestine, avec le soutien de la résistance intérieure : « Il faut que je dessine cela », disait-il.

Ses dessins, publiés à son retour grâce à Aragon, constituent un témoignage rare et poignant de l’horreur concentrationnaire. Son tableau majeur Le petit camp à Buchenwald en février 1945 impressionne par la justesse de ses couleurs et la représentation saisissante de la mort rampante. Il confiait : « Si je vais en enfer, j’y ferai des croquis. D’ailleurs, j’ai l’expérience : j’y suis allé, et j’ai dessiné. »

Inscrit dans le courant du réalisme socialiste, Boris Taslitzky a continué à peindre des œuvres puissantes. Plusieurs expositions récentes, à Paris et en banlieue, ont remis son œuvre à l’honneur.

Outre La mort de Danielle Casanova, l’exposition Libres comme l’art (2022) présentait Henri Martin, Insurrection de Buchenwald, Jean-Pierre Timbaud ; l’exposition Trésors de banlieue (2025) exposait notamment Scènes de grève aux usines Renault contre le Traité de Munich, 30 novembre 1938 et La Riposte (1951).

Un sauvetage in extremis

Redécouvert alors qu’il était promis à la benne, Hommage à Daumier est vraisemblablement une commande du PCF en 1947. À droite du tableau, on reconnaît plusieurs figures du mouvement ouvrier : Maurice Thorez, Marcel Cachin, Benoît Frachon ; autour de la figure centrale de Daumier, des symboles républicains ; à gauche, une évocation bouleversante des camps de concentration et du retour à la liberté, notamment à travers la fête de l’Humanité 1945.

Stockée chez un particulier pendant plusieurs décennies, l’œuvre s’est retrouvée abandonnée sur un trottoir. Heureusement, un voisin attentif a alerté Évelyne Taslitzky, qui a fait don du tableau au Musée de l’Histoire vivante.

Charge maintenant au musée de restaurer cette pièce majeure — et à nous, collectivement, de faire vivre la mémoire de ce peintre humaniste, résistant, engagé, qui fit du pinceau une arme contre la barbarie.

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