Le scénario, imaginé par Victor Dancette, directeur des éditions Générale Publicité (G.P.), et pour le premier fascicule par Jacques Zimmermann (1899-1977), publiciste marqué par l’expérience des camps de prisonniers en Allemagne, confère à l’album une profondeur historique et symbolique exceptionnelle.
La Bête est morte ! se présente comme un récit d’histoire immédiate, une chronique de la Seconde Guerre mondiale transposée sous la forme d’une fable animalière. Les lapins et écureuils incarnent les Français, les loups représentent les Allemands, tandis que les hyènes symbolisent les Italiens. Ce choix allégorique permet à Calvo et Dancette de contourner la censure et de donner une portée universelle à leur témoignage.
Par son graphisme foisonnant, son ton satirique et son message antifasciste, l’ouvrage s’impose comme une œuvre unique dans la bande dessinée française d’après-guerre. Plus qu’un simple document historique, La Bête est morte ! témoigne du pouvoir de la bande dessinée à traduire les drames de son époque avec une sensibilité artistique et politique rare.
La Bibliothèque nationale de France replace l’œuvre dans son contexte en proposant des visuels (affiches, tracts, photographies) de l’époque ; de quoi mieux comprendre le regard du dessinateur et des scénaristes sur leur époque. L’exposition offre également un regard sur la guerre mondiale dans le monde en relation avec les planches de la bande dessinée : Asie, Afrique…
Enfin, la bande dessinée ne fait pas l’impasse sur les aspects les plus horribles de la guerre, entre la déportation des juifs et le massacre d’Oradour-sur-Glane.
L’exposition est à voir à la BnF Richelieu (5 rue Vivienne) jusqu’au 1er février 2026.