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Mort du pape François

Un combattant déterminé pour la paix

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Religion

Le pape François est mort ce lundi de Pâques, 21 avril à 7 h 35, à 88 ans. Il était apparu la veille, jour de Pâques, à la loggia centrale de la basilique Saint-Pierre pour la traditionnelle bénédiction Urbi et Orbi. Ses dernières paroles, lues par Mgr Diego Ravelli, maître des célébrations liturgiques pontificales, témoignent de sa volonté et de son combat pour la paix.

Né en 1936 dans le quartier populaire de Flores à Buenos Aires, Jorge Mario Bergoglio aura été le premier souverain pontife non européen, originaire d’Argentine et du Sud global. Il est aussi le premier jésuite devenu pape. À 17 ans, il avait renoncé à une carrière de chimiste pour entrer dans les ordres et, plus tard, au noviciat de la Compagnie de Jésus. En Argentine, il a toujours côtoyé la pauvreté et les classes populaires (il était l’aîné d’une fratrie issue de parents immigrés italiens).

Devenu archevêque de Buenos Aires en 1998, il succède en 2013 au pape Benoît XVI (Joseph Ratzinger). Il avait dû faire face, lorsqu’il était archevêque, à des accusations quant à son attitude passée durant la dictature militaire de Videla entre 1976 et 1983. Il lui était notamment reproché d’avoir collaboré avec le régime et d’avoir laissé tomber deux jésuites emprisonnés. Il est finalement blanchi par la justice en 2011.

Anti-libéralisme et conservatisme

Son pontificat oscille entre, d’une part, sa lutte pour la paix, contre le libéralisme, pour la défense des plus pauvres et, d’autre part, un conservatisme qui protège le dogme de l’Église (refus du mariage des prêtres, immobilisme -malgré des paroles d’ouverture- sur l’homosexualité ou l’avortement). En revanche, il remue les consciences au sein du Vatican et se mobilise pour la paix partout dans le monde (Ukraine, Afrique, Birmanie…) et s’érige contre le sort fait aux migrants qui meurent à Lampedusa ou dans tous les nombreux naufrages en mer.

Ce dimanche 20 avril, trop affaibli après son hospitalisation, il n’en a pas moins écrit et transmis un message lu par Mgr Diego Ravelli. Il y dénonce notamment la « volonté de mort qui se déchaîne chaque jour dans les nombreux conflits qui touchent différentes parties du monde, mais aussi la violence dans les familles, à l’égard des femmes ou des enfants ou le mépris parfois nourri envers les plus faibles, les marginalisés, les migrants. »

De la même façon, il dénonce le climat d’antisémitisme « qui se répand dans le monde entier. » Il apporte aussi son soutien aux chrétiens de Palestine et d’Israël mais également à l’ensemble des peuples israélien et palestinien. À cet égard, il ne s’est pas montré particulièrement tiède sur la question du conflit israélo-palestinien et sur la guerre actuelle. Dans un livre publié le 19 novembre 2024, il aborde la situation à Gaza et, sans les reprendre à son compte, il cite les experts qui parlent de « génocide ». Dans ses interventions, il a souvent fait référence, concernant les opérations israéliennes, à l’extermination des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, au génocide des Arméniens sous l’empire ottoman, au génocide des Tutsis, au Rwanda, à celui des chrétiens au Moyen-Orient. Il réclamait en même temps la libération de tous les otages israéliens détenus par le Hamas.

Théologien de la libération ?

Au début de son pontificat, en 2013, le magazine catholique La Vie s’était interrogé sur l’appartenance ou non du pape François à la « Théologie de la Libération ». Ce mouvement qui s’était répandu dans les années 70 dans les pays d’Amérique du Sud, et défendu notamment par Leonardo Boff et le brésilien Dom Hélder Câmara, voulait donner une lecture de la réalité à partir des pauvres pour libérer ces derniers de l’oppression politique et économique. La théologie de la libération rejette le capitalisme et le néo-libéralisme.

En mars 2013, sous la plume d’Henrik Lindell, La Vie écrivait que le pape François s’était en réalité « opposé à ce mouvement que l’Institution catholique accusa longtemps d’inspiration marxiste et qui a tant influencé l’Église en Amérique latine. » Six ans plus tard, pourtant, le regard sur la théologie de la libération avait changé ; celui du pape aussi.

Lors de Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) de Panama, fin janvier 2019, il déclarait devant des jésuites : « Aujourd’hui, nous les vieux, rions en pensant à quel point nous étions inquiets au sujet de la théologie de la libération ». Des propos rapportés à l’époque par la très catholique revue Civilta Cattolica. Ce pape n’aura cessé d’étonner.

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