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Couanon Julien/shutterstock
30 juin 2024

Il pleut sur la France

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Temps de lecture : 4 minutes

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Fabien Roussel Législatives 2024 Jean-Marc Tellier Député Communiste Extrême droite

À l’issue du premier tour des élections législatives, le score des candidats présentés par le Rassemblement national est ravageur. Ravageur pour la gauche, ravageur pour la République. Ce lundi matin, nous étions sans doute nombreux à nous réveiller groggy. Que nous arrive-t-il ? Qu’arrive-t-il à la France ?

La défaite de Fabien Roussel, dans la 20ᵉ circonscription du Nord, sonne comme un coup de tonnerre. Cette circonscription était communiste depuis le 6 décembre 1962 lorsque, à la suite d’une dissolution de l’Assemblée nationale par Charles de Gaulle, Henri Fiévez en avait été élu député. 22 ans plus tôt, en juin 1940, ce résistant, fils de mineur, avait œuvré à la réorganisation du Parti communiste avant de participer à l’organisation de la grande grève des mineurs de mai-juin 1941 et à celles, en 1942, des métallurgistes de Fives-Lille et du bassin de la Sambre.

La circonscription demeurera communiste avec l’élection de Gustave Ansart, (en 1973), puis d’Alain Bocquet (1988) et Fabien Roussel depuis 2017.

Jupiter s’est moqué des Français

Alors oui, il y a de quoi se sentir assommé. La victoire du RN est écrasante. Ne nous berçons pas d’illusions, elle sera très certainement confirmée, voire confortée, dimanche prochain. Le parti de Jordan Bardella, cofondé par des collaborationnistes et des tortionnaires, vole allègrement vers la majorité absolue. Le Nouveau Front populaire devient, pour l’instant, la seconde force, mais le PCF paie le prix cher. Il faudra, il faut, en tirer les leçons.

La dissolution voulue par Emmanuel Macron ouvre grand les portes au Rassemblement national. Personne, à ce jour, ne semble en mesure de comprendre ce qu’il s’est passé dans la tête de ce président méprisant et égotiste. Mais depuis le début de son premier mandat, il n’a cessé de s’attaquer au peuple : baisse de l’APL, offensive contre le logement social et contre le Code du travail, réforme des retraites à marche forcée, assurance chômage, santé, éducation, etc.

En nous demandant de ne pas nous résigner et en renvoyant dos à dos l’extrême droite et ce qu’il nomme « l’extrême gauche », il est plus jupitérien que jamais. Un Jupiter qui se moque délibérément des Français.

La lutte ne fait que commencer

Qu’ont fait, réellement, les gouvernements de gauche depuis 1981 ? Le néo-libéralisme n’a fait que se développer durant ces quarante dernières années. La désespérance du peuple a grandi en même temps. Pourtant, nos élus n’ont pas démérité, loin s’en faut. On a peine à comprendre l’élimination, dès le premier tour, de ces députés communistes, à l’instar de Jean-Marc Tellier, dans le Pas-de-Calais, ou d’Alain Bruneel, dans le Nord, même si on les savait en difficulté devant le RN.

La petite phrase très souvent entendue, « On n’a pas encore essayé le parti des Le Pen », sonne aujourd’hui comme le glas de notre culture républicaine. Mais à bien écouter les citoyennes et citoyens qui s’en sortent mal, dont les fins de mois sont de plus en plus difficiles, dont l’avenir des enfants se bouche, oui... à bien les écouter, les résultats de ce premier tour ne sont pas étonnants. Ces électeurs ne sont pas fachos, ils sont fâchés pour certains, las pour tant d’autres.

Mais l’expérience dans laquelle le pays risque fort de plonger à partir de lundi prochain sera lourde de conséquences. Les binationaux, les travailleurs immigrés et chômeurs ont raison d’avoir peur. Ils ne sont pas les seuls. Le RN demeure un parti raciste et xénophobe. Car le RN, c’est d’abord l’extrême droite. Et, contrairement à ce qu’a voulu faire croire le programme de « dédiabolisation » de Marine Le Pen, c’est une extrême droite proche des riches et du libéralisme. Parmi ses prochaines victimes, on peut aisément citer notre système de protection sociale, notre système de santé, nos services publics.

Il est grand temps, pour les progressistes, de renouer langue avec les ouvriers et l’ensemble des travailleurs, dans les usines, dans les quartiers. La lutte ne fait que commencer.

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