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Dominique Watrin, ancien sénateur PCF

« Dans le Pas-de-Calais, la surmortalité avant 65 ans est 45 % plus haute que dans le pays »

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Mise à jour le 4 novembre 2024
Temps de lecture : 7 minutes

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Santé

Dominique Watrin, ancien sénateur communiste, anime un collectif qui a, ces derniers mois, proposé de réduire les inégalités – mortelles – qui frappent la population du Pas-de-Calais par un certain nombre de mesures et de réalisations très concrètes.

L’actualité sociale, les mesures gouvernementales et de la majorité droite et Rassemblement national à l’Assemblée, les actions pour faire avancer des propositions concrètes d’un territoire comme celui du Pas-de-Calais  ; nous avons fait le point avec Dominique Watrin.

Liberté Actus : Neuf organisations nationales de retraités se mobilisent le 3 décembre pour obtenir l’annulation du report de six mois de la revalorisation des retraites à juillet 2025. Au cœur des revendications, le pouvoir d’achat, la santé et les soins ainsi que l’accès de plus en plus difficile à nos services publics.

Dominique Watrin : Oui et il faudra être nombreux dans la rue pour dénoncer la campagne de désinformation du gouvernement sur les soi-disant « privilèges » des retraités. Celle-ci n’a comme seul fondement la justification de nouvelles attaques prévues contre leur pouvoir d’achat. Le Collectif des 9 (1) interpelle aussi les groupes parlementaires sur l’état de notre système de santé.

Nous en savons quelque chose dans le Pas-de-Calais : impossibilité pour des dizaines de milliers d’habitants de trouver un médecin traitant, délais d’accès aux soins, dépassements d’honoraires, augmentation des forfaits et franchises, pénuries de médicaments pénalisantes pour la santé, explosion du coût des mutuelles (encore +10 % programmés pour 2025 avec les mesures Barnier)...

Sans parler de l’asphyxie de l’hôpital public et du médico-social ainsi que de la fuite des personnels de santé « en souffrance éthique » qui l’accompagne…

LA : Pourtant cette colère sourde peine à s’exprimer dans les mobilisations syndicales  ?

DW : Si nous savons tous que notre système de santé n’est plus, loin s’en faut « parmi les premiers du monde », peu d’entre nous sont capables d’en identifier les causes. La CGT a pris à bras-le-corps cette question et réunit, territoire par territoire, syndiqués, retraités comme actifs de la santé, pour en débattre au plus près des réalités vécues par les habitants.

Un bilan départemental de ces rencontres sera partagé avec les autres organisations syndicales le 6 novembre à Burbure (Pas-de-Calais). Déjà l’Association départementale des maires a été interpellée à son Congrès pour attirer l’attention des élus.

LA : Où en est-on de nos retards de santé ?

DW : Avec IDEA (2), j’ai mené un travail de recherche sur les indicateurs de santé du département. Nous avons perdu 14% de médecins libéraux en 10 ans et 50% d’entre eux ont plus de 55 ans.

Plus d’un million d’habitants du Pas-de-Calais vivent sur des territoires où la surmortalité avant 65 ans dépasse de plus de 45 % la moyenne hexagonale  ! Jusqu’à 60% même sur Lens – Hénin. Il n’est pas tolérable d’accepter plus longtemps cette discrimination.

Malgré les plus mauvais indicateurs de santé de France, nous sommes le seul département d’un million et demi d’habitants à être privé d’un Centre Hospitalier Universitaire (CHU). C’est incompréhensible  ! Plus précisément, nous avons besoin d’un CHU multipolaire irriguant tout le département.

Il faut aussi combattre la financiarisation de la santé. Nous ne sommes pas une marchandise  ! Nous demandons la structuration d’une offre publique de santé avec des hôpitaux publics de qualité et des Centres de santé regroupant des médecins salariés, accessibles sans avances de frais ni dépassements d’honoraires et qui pourront aussi développer de vraies campagnes de prévention.

LA : C’est seulement un discours où l’on peut y croire vraiment ?

DW : Le scepticisme et la fatalité ambiante sont nos principaux ennemis. Pourtant, nous avons de sérieuses raisons d’espérer dans notre capacité à faire bouger les choses. Il y a près de dix ans, l’action du Collectif santé du Bassin minier a permis de redimensionner de 90 millions d’euros le projet du nouvel hôpital de Lens (ouverture en 2027).

Nous avons pu aussi convaincre à l’époque le Préfet et le Conseil régional de financer l’investissement dans des Centres de santé (50% Région, 20% État). Les parlementaires Cathy Apourceau, Jean-Marc Tellier et Jean-Pierre Corbisez ont obtenu de la ministre de l’Enseignement supérieur que la demande d’un CHU multipolaire soit inscrite dans une étude nationale « sur l’universitarisation des territoires ».

Le PCF, pour sa part, est déjà engagé sur ces questions et diffuse largement, à la porte des hôpitaux, auprès des personnels de santé et des usagers, ces analyses et revendications. De nouvelles initiatives vont être prises pour accompagner le mouvement en cours et relayer à tous les niveaux ces légitimes exigences de santé pour notre population.

L’actualité, c’est aussi 4 syndicats nationaux (CGT, Sud, FO, Unsa) lançant un ultimatum de grève au gouvernement – du 4 novembre au 21 décembre – face aux restrictions budgétaires qui vont frapper la santé publique.

À lire aussi : Préavis de grève du 4 novembre au 21 décembre dans les hôpitaux

Le moment est propice pour rassembler et agir !

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