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Loi Agricole

Crise des Agriculteurs : Tout ça pour ça…

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par Sethi
Mise à jour le 18 juin 2024
Temps de lecture : 4 minutes

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Gouvernement Assemblée nationale Agriculture

Après les mobilisations de janvier sur l’avenir de l’agriculture française, le Gouvernement s’était engagé à agir. Après des mois d’arbitrage, un texte a finalement été présenté à l’Assemblée et a été adopté la semaine dernière. La loi Agricole n’a pourtant pas emballé grand monde et laisse un goût d’inachevé

Face aux agriculteurs mobilisés, une botte de foin, un Premier ministre au contact et des engagements les yeux dans les yeux. Face à la colère des agriculteurs, un président de la République, manches relevées, et des promesses les yeux dans les yeux. À chaque fois, l’exécutif découvre une situation catastrophique et assure qu’il va agir. Et il y a urgence : le nombre d’exploitations agricoles est passé de 1,6 million en 1970 à 416 000 aujourd’hui, ce qui a de lourdes conséquences non seulement sur l’alimentation, mais aussi sur l’aménagement du territoire, sur la ruralité, sur nos paysages et sur la biodiversité.

Il y a urgence pour les agriculteurs et les salariés qu’ils emploient alors même qu’un tiers d’entre eux vit sous le seuil de pauvreté en travaillant 70 h par semaine, et que le taux de suicides est supérieur de 20 % à la moyenne nationale avec un mort tous les deux jours. Il y a urgence aussi pour assurer la souveraineté alimentaire du pays face aux importations et au développement du libre-échange.

Une loi qui n’emballe personne

Le «  Projet de loi d’orientation pour la souveraineté en matière alimentaire et agricole et le renouvellement des générations en agriculture  » a donc été adopté le 28 mai à l’Assemblée nationale, mais sans grande conviction : 272 votes pour, 232 contre et 65 abstentions.

Ces 65 abstentions, qui auraient pu condamner le texte, sont le fait des communistes, du groupe LIOT : pas convaincus, mais qui veulent saisir l’opportunité du débat ouvert… et de la droite qui attend le rouleau compresseur de la majorité sénatoriale pour transformer le texte du Gouvernement.

En effet, le texte déçoit beaucoup : même s’il avance quelques bonnes pistes, ce n’est pas la grande loi d’orientation qui est pourtant nécessaire pour garantir la souveraineté agricole.

Dans le détail, le texte est structuré autour de deux axes : assurer le renouvellement des générations d’exploitants et mener la transition écologique. Rien sur les prix, rien sur la concurrence, autant dire que le texte est vide.

Un texte qui passe à côté de l’essentiel

Pour Sébastien Jumel, député communiste, le texte «  ne propose rien pour garantir une rémunération digne qui limite les marges de l’agroalimentaire et de la grande distribution  ; il fait l’impasse sur les traités de libre-échange qui continuent d’amputer notre souveraineté agricole  ; il ne propose rien pour la protection du foncier et l’amélioration de son accès  ; surtout, il oublie de proposer un modèle qui réaffirme notre souveraineté ».

Il pointe ainsi la lecture du gouvernement qui analyse la problématique agricole de la concurrence à travers la question des normes sanitaires et environnementales trop nombreuses, sauf que les agriculteurs réclament non pas moins de normes, mais les mêmes normes pour tous, et un accompagnement par les services de l’État. Les quelques points positifs tiennent à l’organisation et à l’accompagnement à l’installation des jeunes agriculteurs, et notamment à la création des guichets France Services agriculture.

Plus problématique, une partie des solutions apportées le sont sans concertation, comme sur la réforme des taxes foncières, pour lesquelles les collectivités n’ont, encore une fois, pas été consultées. La question des prix rémunérateurs n’est pas abordée, celle des relations avec la grande distribution non plus, alors même que l’on mesure les lacunes des lois Egalim.

Sur l’agriculture comme sur les autres sujets, le Gouvernement emploie toujours la même méthode : « vous allez voir ce que vous allez voir » puis… « Pschitt » selon l’expression de Jacques Chirac.

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