Fondée en 1898, au moment de l’Affaire Dreyfus, l’association de défense des droits de l’homme a vu ses effectifs progresser, depuis la polémique ayant suivi la manifestation de Sainte-Soline, le 25 mars 2023. La LDH, qui avait dépêché des observateurs sur place, avait documenté des violences policières niées contre l’évidence par Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, qui avait menacé l’association de retrait de subvention. Depuis cette date, la LDH a connu un afflux d’adhésions, passant de 8 000 à 12 000 membres en l’espace de quelques mois.
Dans le Pas-de-Calais, où la fédération départementale de la LDH compte huit sections locales, l’association a gagné plus de quarante adhérents au cours de l’année 2023.
Présents au congrès de Bordeaux, Alain Vantroys, le roubaisien, secrétaire du comité régional Hauts-de-France, Michaël Caron, le président de la section de Lens-Liévin et Yigit Avci, le trésorier de la section de Calais, se sont félicités d’« une ambiance studieuse, mais décontractée ». Dans un amphithéâtre plein à craquer, 350 à 400 délégués venus de toute la France ont débattu sur le rapport moral présenté par Patrick Baudouin, président de la LDH depuis 2022 et sur les différentes résolutions.
Les ateliers ont attiré beaucoup de militants, mais le contexte international, avec la situation à Gaza et en Ukraine, et le danger de l’extrême droite qui atteint les 40 % dans les derniers sondages pour les élections européennes étaient dans toutes les têtes. « Il est minuit moins le quart » avant une éventuelle victoire du RN en 2027, a souligné avec force et inquiétude Patrick Baudouin rappelant qu’en 1934, après les manifestations parisiennes du 6 février et la crainte d’une prise de pouvoir par les ligues nationalistes sur le modèle italien de la marche sur Rome, c’est au siège de la LDH qu’avait été signé le pacte du rassemblement populaire entre la SFIO, le parti radical et le Parti communiste, qui donna naissance deux ans plus tard au Front populaire.
En première ligne face au RN, auquel elle est confrontée dans un département qui compte six députés d’extrême droite, la fédération du Pas-de-Calais de la LDH a lancé un appel « à rejeter les discours de haine et à voter pour la paix et la fraternité ».
Dans son communiqué, la LDH 62 explique : « La Ligue des Droits de l’Homme ne donne pas de consigne de vote explicite pour une liste ou un candidat en particulier aux élections, mais, fidèle à son histoire, appelle systématiquement à ne pas voter pour les forces politiques dont le programme et l’idéologie sont contraires aux valeurs républicaines de 1789 et aux valeurs de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. […] C’est la raison pour laquelle la LDH du Pas-de-Calais, consciente des menaces que ferait peser une victoire des forces d’extrême droite aux élections européennes du 9 juin, appelle à aller voter, à faire le choix des droits humains et à rejeter le choix du repli nationaliste et xénophobe incarné par le vote RN et le vote Reconquête ».
Convaincue qu’elle peut être une association rassemblant tous les militants de l’arc progressiste, la LDH appelle toutes celles et ceux qui partagent ses valeurs humanistes et antiracistes à la rejoindre.