« Ces gens-là se côtoient à la Buvette de l’Assemblée, se tutoient... ». Ces « gens-là » sont les députés, parfois les sénateurs ; toujours les « politiques ».
À en croire certains journalistes - mais c’est aussi répandu dans la population -, l’action politique serait un vaste cirque dans lequel des artistes - les élus- aux intérêts communs - le pouvoir et l’argent - joueraient un spectacle, que nous finançons pour préserver leurs places et privilèges.
Et revient en boucle le vieux discours antiparlementariste d’extrême droite, parfois de gauche, qui aboutit et vise intentionnellement à dégoûter les citoyens de s’occuper de politique.
Alors ben oui, à l’Assemblée nationale, des gens qui se côtoient quotidiennement - et sont ennemis pour certains - se saluent - ou pas -, tiennent la porte, se tutoient...Comme nous le faisons tous au boulot, chez le commerçant, dans l’immeuble. Ça ne veut pas dire qu’on couche ensemble pour autant !
Alors pourquoi ce remake éculé au lendemain du second tour des législatives ? Ben pour détourner l’attention de relations autrement honteuses, révélées le 9 juillet dans Libération et titrées « les dîners secrets de la macronie et du RN ». Certains se sont empressés de n’y voir que la poursuite de relations de courtoisie. Sauf que...
Petites soirées entre amis...
Ici, des personnages influents de la macronie et de l’extrême droite se sont retrouvés chez l’un d’entre eux pour banqueter et papoter. Et on se doute bien que les débats ne portaient pas sur les qualités comparées de la mique du Périgord ou de Corrèze.
Pour faire vite, depuis plusieurs mois, Thierry Solère, conseiller « informel » d’Emmanuel Macron, organise des rencontres et dîners de responsables du RN et de la macronie dans son vaste appartement de la rue d’Aumale, à Paris.
Et pas n’importe qui.
Marine Le Pen et Jordan Bardella y ont été vus à plusieurs reprises, mais pas en même temps, en présence de l’ex-Premier ministre Edouard Philippe et du ministre des Armées Sébastien Lecornu.
En décembre 2023 déjà, E. Philippe y rencontrait Marine Le Pen ; puis à la mi-mars, c’était S. Lecornu qui y passait la soirée avec elle. Sollicitée, la dame de Montretout nie avoir été à Paris ce jour-là. Sauf que, des voisins gênés par le bruit des moteurs des voitures officielles ont appelé la Police qui a constaté. Solère et Lecornu démentent également, comme le rendez-vous avec Jordan Bardella tenu quelques jours plus tôt.
Se connaître avant de s’opposer
Questionné, l’entourage d’E. Philippe répond qu’il faut se connaître avant de s’opposer et rappelle que l’ex-Premier ministre a reçu Marine Le Pen entre 2017 et 2020, et même rencontré Fabien Roussel à la Fête de l’Huma.
Comme si des rencontres officielles et publiques avaient quelque chose à voir avec des dinettes organisées à la maison !
Croix de bois, croix de fer... malgré les témoins, les invités nient toute rencontre tandis que Thierry Solère assure que ni Marine Le Pen, ni Jordan Bardella ou même Edouard Philippe ne sont venus, individuellement ou collectivement... depuis le 9 juin. Et avant ???
Créer des passerelles entre toutes les droites
L’objet des discussions est aisé à deviner. Comment créer des passerelles entre droite et extrême droite en « dédiabolisant » cette dernière de manière à ne penser l’alternance qu’entre libéraux et illibéraux.
Ces manœuvres démentent la posture d’E. Philippe et d’autres responsables macronistes qui dénoncent indifféremment les « extrêmes ». Dernière révélation en date, par Babette de Rozières, la cheffe créole sur « X » (ex-Twitter), le 2 juillet.
Candidate LR-RN (Ciotti), elle affirme avoir reçu des appels du chef de cabinet de Gabriel Attal, mais aussi de T. Solère, pour se désister en faveur de la macroniste Nadia Hai dans la 7ᵉ circonscription des Yvelines. Ces candidates ont finalement été battues par Aurélien Rousseau (NFP-Place publique).
Tout cela n’est pas pour étonner. Ce n’est pas la première fois que les représentants élus de la grande finance préfèrent la haine au Front populaire. Aujourd’hui c’est en cachette, la nuit, qu’ils fomentent leurs mauvais coups, car on le sait, la nuit les macronistes sont vert-de-gris !
