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Réforme

S’attaquer à l’assurance-chômage ne réglera rien

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Mise à jour le 14 juillet 2024
Temps de lecture : 4 minutes

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Réforme Chômage Gouvernement CGT

Gabriel Attal vient d’annoncer une énième réforme de "l’assurance chômage". Pour la CGT, c’est la « réforme la plus violente » sur le sujet. Elle vise 3,6 milliards d’euros d’économies budgétaires. Il y a actuellement, selon France Travail, environ 2,5 millions de personnes percevant des indemnités de chômage, la réforme représente donc une économie de 1 400 € par chômeur indemnisé et par an.

Comment ?

1) Certains travailleurs ne seront plus indemnisés du tout. Pour avoir droit aux indemnités, il faut aujourd’hui avoir travaillé 6 mois durant les 2 dernières années. Ce sera désormais 8 mois sur les 20 derniers mois.

2) La durée d’indemnisation sera réduite, de 18 à 15 mois pour les moins de 57 ans, dans les conditions actuelles (si le taux de chômage officiel demeure entre 6,5 et 9 % de la population en âge de travailler). La bonification de la durée d’indemnisation pour les salariés âgés de plus de 53 ans sera supprimée. Ceux-ci perdront entre 7 et 12 mois d’indemnisation.

Au-delà des économies, le but est clair : mettre la pression sur les salariés au chômage, en sortant purement et simplement des milliers de salariés vivant dans la précarité du système social d’indemnisation.

Gabriel Attal l’explique avec cynisme : « Mon objectif, ce n’est pas de m’en prendre à tel individu ou aux chômeurs, c’est de faire bouger un système pour inciter davantage à la reprise d’emploi ». Supprimer des indemnités de chômage, ce n’est pourtant pas s’en prendre à un système, mais bien mettre la pression sur les salariés et plonger des millions de familles dans la pauvreté.

« S’en prendre au système », ce serait quoi ?

Quel est donc ce "système" qui dysfonctionne  ? L’indemnisation du chômage n’est pas responsable du chômage. Le chômage existe depuis que le capitalisme existe, bien avant l’indemnisation, qui est un acquis tardif des salariés. Le système national d’indemnisation chômage a été créé en France en 1958. Jusqu’en 1982, l’indemnisation était générale et assurait 90 % du salaire brut. Depuis, les réformes se sont enchaînées pour réduire, moduler, mettre sous condition…

Le chômage de masse est une constante des sociétés capitalistes. Pourtant, le travail ne manque pas. On produit quantité de choses. Les journées sont longues et les carrières aussi. Le gouvernement vient d’ailleurs de faire reculer l’âge de la retraite, obligeant davantage de salariés à chercher du travail. Marx décrivait assez bien la situation  ; dans la société capitaliste, au fur et à mesure qu’augmente la richesse sociale, une partie de la classe ouvrière est vouée à un travail toujours plus dur et excessif, tandis que l’autre partie est condamnée à un chômage forcé.

C’est exactement ce que nous vivons : le gouvernement vient de condamner des millions de salariés à un travail plus dur et excessif, jusqu’à 64, voire 67 ans pour une retraite complète, et pendant ce temps, des millions de salariés sont condamnés à un chômage forcé.

Organiser rationnellement le travail

Dans la société capitaliste, le salarié doit « chercher un emploi ». Il doit se présenter et « se vendre » sur un marché. L’excès relatif de travailleurs permet de faire baisser l’ensemble des salaires. Finalement, le pouvoir social que détient le patron repose sur son droit à choisir qui travaille et qui ne travaille pas. Il tire ce droit de la propriété privée qu’il détient sur l’outil de travail. Ce n’est pas le travailleur qui dispose de son outil, mais le propriétaire de l’outil qui dispose du travailleur.

On peut pourtant organiser la société autrement, répartir rationnellement le travail, permettre à chacun de se former et d’exercer ses compétences, faciliter les échanges d’emplois et accorder une rémunération équitable et juste à chacun. Cela permettrait de travailler tous, de travailler moins, de produire plus et mieux, de permettre à chaque famille de vivre dignement et ... « l’assurance chômage » deviendrait inutile.

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