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Antonin Albert/shutterstock
Gouvernement

Une crise sans fin…

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Assemblée nationale Gouvernement

« Le pot vide ne déborde pas  » selon un proverbe jamaïcain. C’est peu dire si nous n’avons pas été emportés par les débordements du nouveau premier Ministre.

Le long discours de Bayrou à l’Assemblée fut aussi laborieux et fastidieux à suivre que sidérant d’immobilisme et d’inertie politique, dans un évident déni démocratique. Bien sûr, des annonces sont là pour de la communication creuse sur le mode de l’imposture sociale. Les dépenses de santé devraient augmenter, les déremboursements de médicaments seraient abandonnés, les 4 000 postes d’enseignants ne seraient pas supprimés. Et cerise sur le gâteau : une loi anti-optimisation fiscale pour les hauts patrimoines serait dans les bacs de Matignon. Soit le parfait remake du « je vais taxer les plus fortunés et les 300 plus grosses entreprises » de Barnier à l’automne.

«  Les promesses des hommes politiques n’engagent que ceux qui les reçoivent  » expliquait Pasqua qui s’y connaissait en magouilles. Ce fatras de sornettes n’a qu’un but : faire croire que le gouvernement suivra une politique à consonance également sociale, dans le droit fil du fallacieux mantra macroniste du « en même temps ». La mascarade de Barnier a illustré dans toute sa séquence que ces annonces sont amenées à être détricotées, durant la navette entre l’Assemblée et le Sénat, avec des amendements en série, jusqu’au point où plus personne n’y comprenne rien. En revanche, les propositions réactionnaires et libérales resteront gravées dans la roche.

Le but pour les macronistes sera, aujourd’hui comme hier, de privilégier le Capital, que ce soit pour la réforme des retraites, pour le budget et pour le reste… C’est la lettre de mission de Bayrou aujourd’hui, comme de Barnier hier ou de Borne et Attal avant-hier.

D’ailleurs, pas une fois le mot « pauvreté » n’est prononcé dans le discours du nouveau Premier ministre, alors même que 300 000 emplois sont menacés par plus de 300 plans de licenciements. Voilà pourquoi négocier avec eux ne pouvait que mener à rien. Il n’était pas inutile de le faire pour illustrer que la Macronie porte la responsabilité du blocage et de la crise. De la pure stratégie politique qui peut être utile dans la perspective d’élections à court terme.

Mais soyons lucide et répétons-le : ce jeu politique à froid et sans rapport de forces ne fera pas la rue Michel. Sans rapport de forces dans les entreprises d’abord, et dans la rue ensuite, nous ne pourrons pas mettre les libéraux et leurs alliés réactionnaires au pied du mur pour les faire céder. Ils le savent d’ailleurs. D’où la proposition de Bayrou de laisser le chantier de la réforme des retraites dans un carcan ultra-contraignant, entre les mains froides du paritarisme réduit à son rôle le plus institutionnel et le plus aseptisé pour tenter de flinguer à bout portant l’intersyndicale qui avait porté la lutte de 2023. Or, là aussi, soyons lucides, le pain fécond de la mobilisation a bien du mal à se lever. Le 5 décembre a été intéressant en termes d’amorce de mobilisation, mais le 12 décembre a été plus laborieux, pour dire les choses en termes délicats. Il ne faut pas s’y résigner et tout faire, tout organiser pour que la riposte syndicale et sociale se fasse.

La journée de grève du 22 janvier concerne plusieurs secteurs (Chimie, Commerce, Santé et Action Sociale…). Elle peut permettre de construire une première réponse au camp d’en face. Car sans mouvement puissant des salariées et des salariés, la crise politique risque de se répéter longtemps, comme le jour de la marmotte dans l’excellent film avec Bill Murray. Avec comme toujours le risque de voir l’abcès de fixation du RN putréfier encore davantage.

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