L’année dernière, l’UE lançait une enquête anti-subventions sur les importations de véhicules électriques en provenance de Chine. De son côté, le gouvernement américain augmentait les droits de douane sur les importations chinoises de véhicules électriques fantômes. Aucune voiture chinoise n’est actuellement proposée à la vente aux États-Unis. Cet affichage symbolique des États-Unis lui permet de demander à l’Union européenne d’en faire autant. Sauf que l’Union européenne est le plus grand destinataire des véhicules électriques chinois, à hauteur de 40 %. Cette situation n’est pas au goût de l’industrie allemande qui n’a pas envie de répéter l’expérience des sanctions russes avec des tarifs douaniers punitifs contre la Chine.
L’industrie allemande retient son souffle
Les entreprises allemandes mettent en garde contre de telles mesures, à l’exemple du Conseil d’administration de Volkswagen, qui rappelle que l’entreprise réalise la plus grande partie de ses bénéfices en Chine et qu’elle est incapable de se passer du marché chinois.
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Ce qui fait dire juste avant la décision américaine à la présidente de l’Association de l’industrie automobile, Hildegard Müller : « des mesures antisubventions telles que des droits de douane supplémentaires ne résoudraient pas les défis auxquels est confrontée l’industrie automobile européenne et allemande, bien au contraire : l’objectif visé par la commission européenne, à savoir des droits compensateurs, pourrait rapidement avoir un impact négatif en cas de conflit commercial ». Le patron de BMW, Oliver Zipse, est également convaincu que de tels droits de douane causeraient plus de tort à l’industrie allemande qu’à l’industrie chinoise.
Nous nous couperons la chair
BMW fabrique ses modèles électriques en Chine, tout comme Volkswagen et Mercedes, mais pour les trois constructeurs, la Chine est aussi un marché de vente très important. Le président de l’association fédérale du commerce de gros, du commerce extérieur et des services, Dirk Jandura, souligne qu’il n’existe pas une seule voiture dans l’UE sans pièces détachées en provenance de Chine. « Nous nous couperions donc la chair ». Si les réactions de l’industrie allemande sont relativement uniformes, ce n’est pas le cas du gouvernement allemand où les divisions sont explosives. D’autant que selon une étude de la Bundesbank, de telles mesures pourraient très facilement mettre les banques allemandes dans une détresse existentielle.
L’enquête de l’UE devrait rendre ses conclusions en juillet, alors que l’on sait déjà que la présidente, Ursula von der Leyen, et Emmanuel Macron sont pour suivre les USA en engageant le bras de fer avec la Chine.
Dans ce cas, il est clair que la production automobile allemande serait la plus touchée. La Chine serait ainsi contrainte de réagir par des contre-mesures avec toutes les conséquences d’ores et déjà prévisibles. Après le gaz russe, l’Allemagne serait de nouveau le dindon de la farce.