Des conceptions du monde en question
Pour la Chine, le respect des États-nations est essentiel. Cela fait partie d’une longue tradition géopolitique. Le choix de la France, de la Hongrie et de la Serbie se fait en parallèle d’autres rencontres avec l’Union européenne. On connaît désormais la rhétorique de Washington « sur le découplage de la Chine » emboîtée depuis la commission européenne sous le vocable « la réduction des risques ».
Cette visite peut soit amplifier une logique d’affrontements et de blocs, soit ouvrir la voie à une logique de partenariats et de développement dans la coopération. Reste à savoir si les pays de l’Union européenne ont conservé une certaine capacité à défendre leurs intérêts, ou si, au contraire, se complaisent dans les intérêts américains.
La visite de Xi Jinping est une opportunité de dialogue franc entre les pays de l’Union européenne et la Chine, acteur majeur des BRICS+, qui montent en puissance. De nouvelles grandes zones économiques sont en train naître ; celles des Amériques, de l’Asie, et celle de l’Afrique qui émerge, déjà accrochée au train des BRICS+ avec l’Éthiopie, l’Égypte et l’Afrique du Sud. La multipolarité du monde se construit d’ailleurs autour de ces coopérations.
Dans ce monde globalisé, une zone économique est en grande difficulté. L’Union européenne reste en panne de croissance, une situation aggravée depuis le conflit russo-ukrainien ; un conflit qui permet aux USA de tirer les marrons du feu. Le risque pour l’UE est d’être, à terme, marginalisée et de devenir une périphérie toujours plus éloignée du centre. C’est dans ce cadre géopolitique que la France pourrait faire entendre sa voix, d’autant que le récent envoi d’un instrument scientifique franco-chinois sur la surface lunaire donne l’idée des possibles en matière de coopérations.
Vers une commande majeure d’avions Airbus
En choisissant la France comme première étape de sa tournée européenne, le Président chinois envoie un message fort sur l’importance de coopérations avec le pays, qui, pour la Chine, a une influence significative en Europe. De nombreux sujets sensibles seront abordés entre nos deux pays. Un certain nombre d’accords pourraient être signés, tant sur les questions nucléaires et énergétiques que sur l’agriculture.
Selon l’agence Reuters, le français Airbus est en pourparlers avec la Chine au sujet d’une éventuelle commande d’avions. Dans les sujets qui fâchent entre la Chine, la France et l’Union européenne, demeure en tête de gondole la question des véhicules électriques. L’année dernière, l’UE a lancé une enquête anti-subventions sur les importations de véhicules électriques en provenance de Chine. L’UE est le plus grand destinataire des véhicules électriques chinois, à hauteur de 40 %.
L’ancien ministre grec des Finances, aujourd’hui professeur d’économie à l’université d’Athènes, Yánis Varoufákis, pointe les impasses de l’UE. Pour lui, l’institution joue sur les barrières commerciales à l’importation de technologies vertes (l’énergie solaire, les véhicules électriques) dont elle a désespérément besoin pour sa transition, alors qu’elle n’a pas la capacité de les produire en Europe.
Toujours pour Varoufákis, l’UE refuse de reconnaître son manque d’investissement et ses nombreux retards technologiques, mais préfère blâmer la Chine.
Xi Jinping, après la France, se rendra en Serbie, qui est actuellement soutenue par la Russie pour intégrer les BRICS +. Il se rendra aussi en Hongrie, où les discussions pourraient avoir lieu sur un nouveau volet du projet des Routes de la soie avec Budapest.
La Chine est sur tous les fronts, avant le sommet des BRICS + à Kazan en Russie.
