Même si elle est arrivée largement en tête avec 40,19 % des voix, l’ANC passe pour la première fois en dessous de la barre des 50 % et n’aura pas, par conséquent, de majorité absolue à l’Assemblée nationale qui élit le président de la République. Sur les neuf provinces que compte le pays, l’ANC a la majorité absolue dans cinq et arrive en tête dans deux autres, dont le Gauteng (la plus urbanisée du pays avec Pretoria, la capitale administrative, Johannesburg, la capitale économique et le plus grand township Soweto).
Selon plusieurs analystes, ce revers électoral est imputable pour une large part au président Cyril Ramaphosa qui n’a pas su apporter de solutions aux problèmes qui minent le quotidien des Sud-Africains (chômage de masse, insécurité, persistance de grandes inégalités basées sur la race, corruption…). Si l’ANC a perdu du terrain, passant de 57 % en 2019 à 40 % en 2024, son principal concurrent, le Democratic alliance (DA), n’en a pas profité. Avec 21,81 %, il n’améliore que d’un point son score des précédentes élections générales. Ce parti reste perçu comme celui des Sud-Africains blancs et métis de la province du Cap occidental. Il n’a pas réussi à capter le mécontentement des classes moyennes, de l’électorat noir et encore moins celui des classes populaires.
Situation inédite
Le parti qui fait une entrée fracassante sur l’échiquier politique du pays est Umkhonto we Sizwe (MK) de l’ancien président du pays et de l’ANC, Jacob Zuma. Ce parti né il y a six mois a obtenu 2 344 309 voix (14,58 % des suffrages). Pour son parti, Jacob Zuma n’a pas cherché bien loin, il a puisé dans le patrimoine et l’histoire de l’ANC. Il a pris le logo et le nom de la branche militaire de l’ANC pendant la lutte contre l’apartheid. Le succès du parti de Zuma est un peu en trompe-l’œil, car le vote est à 90 % concentré dans trois provinces.
La perte de majorité à l’Assemblée nationale met l’ANC dans une situation inédite. Si, dans le passé, l’ANC a dirigé le pays en coalition avec d’autres forces politiques, ce n’était pas faute de majorité parlementaire. Dans les prochaines semaines, l’ANC aura dans tous les cas à faire des choix importants. Assumer le statu quo et l’option néolibérale ou prendre un virage plus social comme les mesures prises dans les dernières semaines de la campagne électorale le laissent entrevoir.
Cyril Ramaphosa a promulgué, le 15 mai 2024, la loi instaurant une couverture santé universelle (NHI). Cette loi crée un fonds qui permettra de garantir l’accès aux soins de santé de tous.