La guerre d’attrition bat son plein
La chute d’Avdiivka consacre une victoire russe dans la citadelle la plus fortifiée d’Europe, voire du monde, dont le niveau de fortification n’a qu’un seul équivalent, celui du 38ᵉ parallèle entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. Cette zone d’Avdviivka a été fortifiée en plusieurs phases de 2015 à 2017 avec tout un système de tranchées, de points d’appuis dotés de boyaux de communications et de postes de tirs. Mais surtout, on sait que la difficulté à prendre cette ville était les nombreux souterrains et bunkers enterrés. Pour détruire cette solide défense, l’armée russe a bombardé systématiquement, jour et nuit, ces zones avec les fameuses bombes guidées FAB 500 et notamment les FAB d’une tonne et demie.
Sur le plan opératif, la guerre d’attrition de l’armée russe pour détruire méthodiquement les effectifs de l’armée ukrainienne bat son plein. Sur le plan des objectifs militaires russes, la bataille de Bakhmout « véritable saignée à blanc », est sans aucun doute la conséquence première de l’échec de la contre-offensive ukrainienne. Dans ce brouillard de la guerre, difficile de connaître les pertes de part et d’autre d’une bataille d’Avdiivka commencée le 10 octobre et qui, après quatre mois de combats acharnés, touche au plus profond le moral des troupes ukrainiennes.
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Cette victoire permet désormais, comme on peut le voir sur les cartes, la progression vers l’ouest de l’armée russe. L’objectif immédiat semble être de refermer ce saillant pour aligner le front de 1200 km et ainsi le réduire pour économiser les troupes en réalisant des rotations et des mises en repos. Bien loin des tactiques de plateau TV, on assiste à une stratégie russe qui consiste à contraindre les forces armées ukrainiennes à défendre partout sans être fort nulle part. Parallèlement, l’armée russe peut être en situation de supériorité sur plusieurs endroits du front. C’est dire que les difficultés ne font que commencer alors que l’arrivée du printemps et la fin de la raspoutitsa vont modifier fortement le champ de bataille ; en faveur des Russes.
Autre difficulté majeure, celle de la pénurie rapide des munitions. L’artillerie ukrainienne tire en moyenne 2 500 obus par jour. À ce rythme et au vu de ses stocks actuels, il reste à peine 100 jours avant l’assèchement total des munitions. C’est peu dire qu’à la mi-avril, les Russes risquent de pousser à leur avantage cette supériorité du feu. Face à cette dure réalité, on ne peut que condamner le cynisme de certains princes esclaves de l’OTAN qui continuent sans vergogne de déclarer leur soutien indéfectible jusqu’au dernier Ukrainien.