Après deux années de travaux, les experts de la Commission lancent un appel aux gouvernements et aux institutions internationales pour qu’ils prennent des mesures immédiates. Selon eux, l’inaction pourrait coûter très cher. Plus de la moitié de la production alimentaire mondiale pourrait être en danger d’ici à 2050. Des pays déjà fragilisés pourraient subir des pertes de PIB pouvant atteindre 15 %, tandis que la moyenne mondiale s’élèverait à environ 8 %. Ce chiffre, inquiétant, est une preuve supplémentaire de l’interdépendance entre les ressources en eau et la stabilité économique mondiale.
Un cycle de l’eau déséquilibré : une première dans l’histoire humaine
Les chercheurs à l’origine du rapport soulignent que, pour la première fois dans l’histoire humaine, le cycle de l’eau est gravement déséquilibré. Ce bouleversement est notamment lié à la croissance démographique, à la pollution et au changement climatique.
Le réchauffement entraîne une modification des régimes de prélèvement, amplifiant les phénomènes extrêmes comme les sécheresses ou les inondations. Ce dérèglement impacte directement la disponibilité de l’eau douce, ressource vitale pour l’agriculture, les écosystèmes et les populations humaines. Face à ces constats, la Commission propose cinq grandes missions pour enrayer cette catastrophe annoncée. Tout d’abord, elle prône une révolution des systèmes alimentaires, visant à optimiser l’usage de l’eau dans la production agricole. Ce secteur, très gourmand en eau, pourrait bénéficier de techniques plus durables et moins polluantes.
Ensuite, elle insiste sur l’urgence de conserver et de restaurer les écosystèmes. Les zones humides, les rivières et les lacs jouent un rôle crucial dans la régulation de l’eau, mais sont souvent les premières victimes de la pression humaine. Protéger ces milieux naturels est essentiel pour rétablir un cycle de l’eau équilibré.
Réduire la consommation d’eau
Le rapport invite également les gouvernements et les entreprises à instaurer une économie circulaire de l’eau.
Les processus industriels pourraient être réfléchis pour maximiser la réutilisation de l’eau et réduire les rejets polluants, limitant ainsi l’impact environnemental des grandes industries. De plus, la Commission encourage le développement d’énergies propres et l’usage de l’intelligence artificielle afin de réduire la consommation d’eau. Ces technologies pourraient améliorer l’efficacité des systèmes de gestion de l’eau, en particulier dans les zones arides.
Enfin, l’accès à l’eau potable doit devenir une priorité absolue : aucun enfant ne devrait mourir à cause d’une eau insalubre d’ici à 2030. La Commission propose de renforcer l’approvisionnement en eau potable et l’assainissement pour les populations les plus vulnérables. Les conclusions de ce rapport résonnent comme un avertissement.
Le rapport devrait être au cœur des discussions internationales, notamment lors des prochaines COP29 climat en Azerbaïdjan. Dans un monde de plus en plus soumis aux crises climatiques et hydriques, la gestion de l’eau apparaît comme un enjeu crucial.