Comme la majorité des agriculteurs, les endiviers ont donc tiré la sonnette d’alarme. Leur production est en danger. La ministre de l’Agriculture, en visite dans les Hauts-de-France vient donc de leur accorder une dérogation pour deux herbicides utilisés pour d’autres cultures.
L’endive et les endiviers en sont-ils sauvés pour autant ? On en est loin.
Normes environnementales : un problème à la marge
Les endiviers - 300 producteurs réunis dans l’Association des producteurs d’endives de France (Apef) - ne sont d’ailleurs pas opposés à l’interdiction de produits chimiques. Ils demandent juste un peu de temps pour faire homologuer d’autres solutions, censées être inoffensives pour les êtres humains et l’environnement.
La station expérimentale d’Arras de l’association des endiviers français teste deux autres désherbants : le Viballa et l’Atic Aqua. Leur molécule est autorisée depuis longtemps par l’UE mais n’est utilisée que pour les betteraves, les pommes de terre et les tournesols. Les essais sur l’endive semblent concluants.
Les chicons ne devraient donc pas manquer en 2025... si sa production n’était pas victime d’autres difficultés. Inondations, périodes erratiques de sécheresse, apparition fréquente d’orages violents, difficulté à recruter des salariés majoritairement payés au Smic, hausse des coûts du transport et de l’emballage, explosion insensée des prix de l’électricité…
Car la course à la production en use du courant.
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Depuis les origines, l’endive se sème en mai en plein champ jusqu’à la récolte des racines à l’automne.
Commence la période du forçage où les producteurs repiquent les racines et font pousser l’endive dans l’obscurité pour obtenir des feuilles blanches.
Ça, c’était avant l’invention du forçage hydroponique. Pour des questions de rentabilité, les racines sont placées trois semaines dans des bacs où circule une solution nutritive à l’intérieur de bâtiments isothermes plongés dans l’obscurité.
Arrivée à maturité, chaque endive est triée individuellement à la main, séparée de sa racine lors du cassage, puis épluchée et conditionnée, toujours manuellement.
Cette pratique, semi-industrielle, est coûteuse en énergie. Les spéculateurs de l’énergie à qui les gouvernements ont laissé les mains libres, voire les ont aidés, ont fait passer en 3 ans le mégawatt de 70 € à 450 €. Un tiers des endiviers a signé des contrats à ces prix exorbitants tandis que le mégawatt redescendait à 100 €. Liés par des contrats où les indemnités de rupture sont exorbitantes, ces endiviers sont dans l’incapacité de renégocier leurs contrats.
Et c’est justement sur cet aspect primordial de gestion que le gouvernement refuse d’intervenir. Il a bien fallu trouver des gens pour payer les 64 milliards de dividendes versés à leurs actionnaires par EDF et Engie depuis leur privatisation. D’où la proposition du PCF de nationaliser Engie et de redonner à EDF son statut d’EPIC pour retrouver la maîtrise de nos outils de production et de distribution d’électricité.
La région Hauts-de-France concentre à elle seule 95 % de la production des endives françaises – 110 000 tonnes en 2023 / 130.000 t. en 2022 –, soit 85 % de la production mondiale. 15 % sont essentiellement cultivées en Bretagne, Normandie, Pays-Bas et Belgique. Les fermes sont souvent transmises de génération en génération.
Les producteurs français sont passés de 350 à 300 en quelques années.
L’export représente à peine 10 % de la production.
On vend en Italie, en Allemagne, en Espagne et au Benelux, mais les ventes à l’étranger ont baissé en 2023. La raison ? On arrivait à peine à couvrir la demande nationale…