Les produits concernés, la benfluraline, le triflusulfuron-méthyl et le spirotétramate, sont utilisés comme herbicides et insecticides. Ils protègent les cultures contre les mauvaises herbes et les insectes nuisibles, assurant ainsi la viabilité économique de la production. Mais l’Union européenne, pour des raisons de santé et d’environnement a décidé leur interdiction imminente.
En février 2024, les acteurs de la filière endivière ont présenté une lettre au Premier ministre pour demander un moratoire. Ils soulignent qu’aucune solution alternative n’est encore disponible et qu’il faudra du temps pour en développer. « La disparition de ces intrants menace directement la survie de la filière », explique un producteur, soulignant que sans eux, les coûts de production risquent d’augmenter, décourageant de nombreux exploitants qui pourraient se tourner vers d’autres cultures.
Un défi urgent
Face à cette situation critique, la Région Hauts-de-France a réagi rapidement en organisant une réunion au siège régional de Lille. Plus de 350 acteurs de la filière ont discuté des pistes envisageables.
La Région a alloué 110 000 euros pour financer des recherches sur des méthodes alternatives, comme le biocontrôle, qui consiste à utiliser des organismes vivants pour combattre les nuisibles, ou sur le développement de variétés plus résistantes aux maladies. Le soutien régional est essentiel, mais les producteurs soulignent que le développement de nouvelles méthodes est complexe et que des années de tests sont nécessaires avant une mise en œuvre à grande échelle. Ils craignent que le calendrier imposé par l’Europe ne laisse pas suffisamment de marge pour que ces alternatives soient viables.
Si rien n’est fait pour accompagner la filière, la production d’endives dans les Hauts-de-France pourrait chuter de façon significative.
Une filière en péril et un avenir incertain
Plus de 4 000 emplois sont directement en jeu, et les producteurs s’inquiètent pour la pérennité de cette production, qui représente une part importante de l’identité régionale. Malgré la mobilisation régionale, l’incertitude persiste. La filière endivière, attachée à ses traditions, doit aujourd’hui envisager une transformation profonde de ses pratiques pour répondre aux nouvelles normes environnementales. Les producteurs espèrent un soutien accru de l’État et de l’Union européenne pour financer cette transition, nécessaire, mais coûteuse. En attendant, la course contre-la-montre continue, et chaque saison sans solution augmente le risque de voir disparaître ce légume emblématique des tables françaises.