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Nucléaire et souveraineté nationale

Les salariés de General Electric ont hâte de repasser sous pavillon français

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Mise à jour le 5 juillet 2024
Temps de lecture : 3 minutes

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Industrie Nucléaire EDF Énergie Alstom

« C’était ça ou l’arrêt » se justifiait Emmanuel Macron il y a deux ans sur la vente de la branche énergie d’Alstom à l’américain General Electric (GE) engagée près de 10 ans plus tôt. Le président de la République tentait tant bien que mal de faire oublier ses responsabilités dans ce qui est devenu « l’affaire Alstom ». Pourtant, la CGT avait tracé une autre voie, passant par la nationalisation. L’enjeu est grand pour les salariés et le syndicat : garantir la souveraineté nationale et énergétique de la France.

Après des années de tergiversations, de tambouilles mal senties et de suppressions d’emplois dans les usines devenues américaines, le chef de l’État s’est fendu en 2022 d’un discours offensif, sur fond de campagne électorale. Il y annonçait notamment le rachat des activités nucléaires de GE, par le biais d’EDF. Le sujet est de taille puisqu’il s’agit de disposer à nouveau des turbines Arabelle, qui équipent près de 50 % du parc mondial installé, dont la totalité du parc Français.

L’accord bouclé en 2022 entre EDF et GE Steam Power (filière énergie de GE) marquait l’acquisition par le français de la production, de l’ingénierie et des équipements des turbines qui pourraient aussi équiper de nouveaux réacteurs EPR au Royaume-Unis comme en Inde. Ce sont donc des milliers de salariés à travers le monde qui doivent passer – ou repasser — sous pavillon français.

« Un enjeu crucial pour nos sociétés modernes »

Mais rien n’y fait, alors que l’officialisation de ce rachat devait avoir lieu le 1ᵉʳ décembre dernier, l’annonce impromptue du report à « une date ultérieure » du processus a plongé les salariés dans l’incertitude. Outre l’opacité constante qui entoure le dossier, c’est la suite des événements qui les inquiète. Pour Laurent Santoire, délégué syndical CGT du site de Belfort, « les jours sont devenus des semaines, les semaines des mois, sans que les salariés concernés aient obtenu une réponse à leur attente ». Mais il rappelle que « des mobilisations se construisent pour exiger la transparence et l’action ».

C’est en ce sens que la CGT et la CFE-CGC ont signé une déclaration commune appelant à «  accélérer les investissements humains et matériels sur la base d’un audit industriel » avant de rappeler que si «  l’entreprise dispose de nombreux atouts, la relance l’amènera forcément à se reposer des questions structurelles et notamment à construire une nouvelle culture d’entreprise qui valorise la reconnaissance des métiers afin de permettre aux salariés de retrouver l’envie de venir au travail et la fierté de participer à un enjeu crucial pour nos sociétés modernes ».

Il s’agit effectivement de reprendre la maîtrise des turbines les plus puissantes au monde, les Arabelle. Au-delà de la question industrielle, il y a un réel enjeu géopolitique. Et pour cause, outre EDF, le principal client de ces turbines est le groupe russe Rosatom, qui est aussi le principal concurrent d’EDF quant à la construction de centrales nucléaires dans le monde.

En récupérant cette industrie, la France pourrait donc faire le choix de la coopération rationnelle, dans l’intérêt de tous et des peuples du Sud global singulièrement ; mais elle pourrait aussi entrer dans un conflit économique et industriel mortifère avec le groupe russe. Les États-Unis, dans sa partie de billard à trois bandes habituelle, fait peser sur EDF le poids de ses sanctions.

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