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Mamun_Sheikh/shutterstock
DeepSeek

Un « moment Sputnik » qui ébranle la Big Tech US

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Mise à jour le 18 février 2025
Temps de lecture : 4 minutes

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Chine Nouvelles technologies Intelligence artificielle

Hangzhou, capitale du numérique chinois, fera-t-elle passer la Silicon Valley pour une cité médiévale  ? C’est la crainte qui agite toute l’économie mondiale depuis la publication de résultats de DeepSeek, nouveau chatbot fondé sur l’IA générative lancé par une start-up chinoise.

Devant les performances étonnantes du nouveau venu, l’ensemble du secteur technologique a effacé des centaines de milliards de dollars de capitalisation boursière lundi 27 janvier.

Le moteur de l’économie états-unienne en voie de contestation

Les traders états-uniens ont décrit le 27 janvier comme un « moment Sputnik ». La première lecture de l’effet DeepSeek est donc bien celle de l’humiliation ressentie par les américains, qui n’imaginaient pas leur hégémonie contestée si vite dans le domaine technologique, qui plus est par le nouveau rival chinois.

L’irruption de DeepSeek arrive au pire moment, alors que l’intronisation de Donald Trump avait donné des ailes au secteur de la tech. Meta, Google, OpenAI, avaient tous annoncé des programmes d’investissement massifs, assurés du soutien de la Maison Blanche. Ces annonces avaient fait bondir la valorisation des fabricants de microprocesseurs, au premier rang desquels Nvidia.

Le leader mondial du secteur tire depuis des mois le Nasdaq, indice boursier de la tech américaine. Nvidia a chuté hier de près de 17 %, effaçant près de 600 milliards de dollars de capitalisation au NYSE. Pour donner une idée au lecteur français, la capitalisation perdue hier par la seule Nvidia représente la valeur boursière cumulée de Schneider Electric, TotalEnergies, Airbus, Safran et BNP Paribas.

Au-delà de Nvidia, c’est tout un secteur moteur de l’économie du bloc occidental qui s’est vu secoué par l’irruption brutale d’un concurrent chinois. Les secousses concernent aussi bien les banques, américaines et japonaises, investies dans le secteur, que les entreprises énergétiques qui ont vendu aux géants technologiques des capacités électriques dédiées.

Un contre-modèle cent fois moins cher que ChatGPT

Au-delà de sa nationalité, c’est bien par ses performances que DeepSeek inquiète le secteur technologique américain. Un large consensus s’est établi parmi les professionnels du secteur, qui estiment tous que DeepSeek est au niveau des IA développées par Google ou OpenAI.

Seulement, DeepSeek réalise ces performances avec bien moins de moyens déployés, notamment en termes de micro-processeurs. Toute l’hégémonie des entreprises américaines reposait sur le présupposé des économies d’échelle, selon lequel celui qui aurait la plus grande capacité de calcul serait gagnant à la fin. Les géants de la tech, seuls capables d’investir des centaines de milliards de dollars dans des milliers de micro-processeurs, semblaient donc indétrônables.

DeepSeek vient contester cette hégémonie avec des performances similaires aux leaders du secteur, mais avec un coût bien moins élevé. Fonctionnant sur des puces à bien moindre performance que ses concurrents, DeepSeek emploie à peine 200 personnes et le coût de développement est estimé à à peine 6 millions de dollars. Une requête dans le système DeepSeek a un coût de revient estimé 127 fois inférieur à la même requête adressée à ChatGPT.

Un retour aux (open) sources

Autant que les performances, la philosophie de DeepSeek pourrait changer le monde de la tech. En choisissant une solution open source, DeepSeek rompt avec le secret qui entoure les modèles propriétaires existants. Si OpenAI s’est d’abord lancé sur le modèle de la coopération avec un code visible et modifiable par tous, il a rapidement refermé la boîte noire quand il a été possible de commercialiser ChatGPT. DeepSeek renoue avec l’open source, la transparence et la coopération liée à ce modèle permettant de gagner la confiance des utilisateurs, et de les faire contribuer à une amélioration continue. Ce retour d’un acteur de l’IA générative en open source a d’ailleurs été salué jusque dans les équipes de recherches des grandes entreprises du secteur. Jim Fan, chercheur chez Nvidia, a par exemple publiquement salué sur X qu’une « entreprise non-américaine fasse vivre le projet originel d’OpenAI ».

Définitivement pas pressés de saisir la chance de coopérer et de progresser ensemble, des voix américaines ont d’ores et déjà appelé à freiner le projet DeepSeek en émettant des quotas d’exportation des puces et micro-processeurs contenant des technologies américaines.

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