Il concerne des élèves de tous les lycées, généraux, technologiques, professionnels et agricoles ainsi que les classes de BTS. Un établissement ne peut cependant pas participer deux années de suite et doit attendre trois ans avant de poser une nouvelle candidature.
Après l’annonce des livres sélectionnés pour le prix Goncourt par les membres de l’académie Goncourt, la Fnac remet les ouvrages de la liste à chaque classe. Les lycéens ont deux mois pour lire les romans, avec l’aide des enseignants, de septembre à novembre de chaque année. Pendant cette intense période de lecture, des rencontres régionales sont organisées entre auteurs et lycéens.
À l’issue de l’étude des livres, les classes élisent un délégué pour présenter leur tiercé de livres gagnants et défendre leurs choix lors de délibérations régionales qui ont lieu dans six villes en simultané.
Chaque région choisit ses deux représentants et son tiercé de livres gagnants. Une finale se tient ensuite à Rennes, berceau du prix. À l’issue des délibérations, le prix Goncourt des lycéens est proclamé et rendu public.
Le prix Goncourt des lycéens fonctionne exactement comme son aîné et ne peut désigner deux fois le même lauréat, ce qui excluait cette année de la sélection Jacaranda, le nouveau livre de Gaël Faye, lauréat du Goncourt des lycéens avec Petit pays en 2016.
Une polémique lancée
Depuis la semaine dernière, un des quatorze livres de la sélection du Goncourt des lycéens fait l’objet d’une polémique lancée par l’association conservatrice et ultra-libérale SOS Éducation.
Créée en 2001, SOS Éducation fait partie des associations de la galaxie Laarman, comme Contribuables associés, l’association ultra-libérale hostile aux impôts, aux fonctionnaires et aux services publics fondée par François Laarman et proche de l’IFRAP.
C’est le neveu et la nièce de François Laarman, Vincent et Isabelle Laarman qui sont à l’origine de la création de SOS Éducation. L’association est notoirement proche des réseaux de la Manif pour tous, constitués en parti politique sous la dénomination de Sens commun, puis de Mouvement conservateur et désormais d’Identité-Libertés. Début octobre 2024, Marion Maréchal, qui a quitté Reconquête après les élections européennes, a pris la tête de la formation ultra-conservatrice.
Proches des « parents vigilants » zemmouriens, les militants de SOS Éducation multiplient les pétitions pour dénoncer les syndicats, les grèves, la baisse du niveau et l’éducation à la sexualité à l’école.
Le nouveau roman d’Emmanuelle Bayamack-Tam, publié sous son pseudonyme de Rebecca Leghieri aux éditions P.O.L. et intitulé Le club des enfants perdus, se retrouve depuis quelques jours dans le viseur de SOS Éducation qui a adressé une lettre ouverte à la ministre de l’Éducation nationale.
Entre fantastique, réalisme et phénomènes paranormaux, l’autrice, qui a puisé ses inspirations chez Kurt Cobain et Shakespeare, livre un grand récit sur les liens parents-enfants, la famille et l’angoisse profonde et viscérale de la jeunesse aujourd’hui. Quelques passages crus sont jugés « pornographiques » par l’association d’extrême droite qui demande à Anne Genetet son retrait de la sélection du Goncourt des lycéens.
Cette volonté de censure suscite la consternation des professeurs de lettres qui encadrent chaque année les lycéens et savent leur donner des clés de lecture. Choqués par cette nouvelle polémique lancée par l’extrême droite, les professeurs de lettres espèrent que la ministre ne cèdera pas aux injonctions de l’association réactionnaire et de ses alliés politiques d’extrême droite.