Soudain, en fond de scène, la voix forte et puissante d’Anne Conti, de dos, capuche sur la tête, résonne comme un cri de révolte.
« Rien n’a jamais empêché l’histoire de bifurquer » est un monologue écrit par Virginie Despentes en 2020. La comédienne et metteuse en scène Anne Conti s’est emparée de ce texte et en a fait un spectacle, créé au printemps 2024 au Théâtre du Nord et que l’on retrouvera sur plusieurs scènes de la région Hauts-de-France en 2025 : après une première date le 14 janvier à Maubeuge, le spectacle était sur la scène de l’Escapade d’Hénin-Beaumont le 16 janvier. Il sera le 11 mars à Arques, le 20 mars à Saint-Quentin, les 24 et 25 avril à Sallaumines avant d’être joué cet été à Avignon, au festival off.
Dans ce monde en ruines, abimé par les keufs, la violence, les frontières, les guerres et le patriarcat, se révolter, c’est construire quelque chose et si les blocs de béton et les gravats forment une barricade, ils sont aussi les matériaux pour construire un monde meilleur…
Perceuse en main, Anne Conti commence à rassembler des pans de mur et à les fixer sur une palette ; elle forme un cercle qui soudain s’élève au-dessus de la scène et s’illumine de couleurs bleutées pendant que la musique s’adoucit et invite au rêve et au voyage : c’est que, comme le dit Anne Conti, « la douceur et la bienveillance sont le contraire de l’exploitation capitaliste ».
Les spectateurs présents à l’Escapade d’Hénin-Beaumont jeudi 16 janvier ont longuement applaudi Anne Conti et ses musiciens pour ce spectacle plein de rage et de douceur qui était une invitation à la réflexion et à la révolte.
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Avant de quitter la scène, la comédienne a remercié l’équipe de l’Escapade pour son accueil et apporté son soutien à l’association, privée des 300 000 euros de subvention municipale, menacée d’expulsion et sommée par la municipalité d’extrême droite de rendre les clés et de quitter vendredi 24 janvier la salle de spectacle qu’elle occupe depuis plus de 25 ans.
Pour le public venu assister à un spectacle engagé, mais aussi apporter son soutien à un lieu de création artistique qui a toujours voulu porter une vision émancipatrice de la culture, le message de Virginie Despentes et d’Anne Conti sonnait aussi comme une invitation à la lutte, à la résistance et à l’espérance.