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Romans noirs

Philippe Pivion prend l’histoire à bras-le-corps

Accès libre
Mise à jour le 7 août 2024
Temps de lecture : 5 minutes

Mots -clé

Littérature Roman

Philippe Pivion est communiste.

Philippe Pivion est écrivain. Quand il ne distribue pas des tracts dans les rues de Montreuil, où il sévit, qu’il n’organise pas la défense des intérêts des sourds au sein de l’association ANIC, qu’il ne cultive pas un jardin au cœur de sa Bourgogne natale, Philippe Pivion se consacre à l’écriture.

Aujourd’hui il est l’auteur d’une dizaine de livres qui devraient figurer dans la bibliothèque de tous ceux qui se réclament de nos idées, qui ont besoin d’être toujours plus, toujours mieux, formés pour être efficaces dans un combat sans cesse plus ardu où l’ennemi toujours, l’adversaire souvent et l’allié parfois, caricaturent nos positions présentes, passées et à venir.

Pivion écrit du roman noir historique. Il n’est pas le premier dans l’histoire du roman noir français. Didier Daeninckx, Dominique Manotti, d’autres encore, ont montré comment le roman noir pouvait aider à éclairer l’Histoire, à mettre en lumière des passés oubliés, des crimes racistes, colonialistes, politiques, mis sous le boisseau. Colonialisme, boucherie de 14-18, collaboration, Résistance, Guerre d’Algérie, leurs œuvres ont permis de faire connaître plus massivement que maints ouvrages savants, capitaux mais à diffusion restreinte, l’envers d’une histoire trop souvent maquillée aux couleurs du capitalisme.

Pivion a fait irruption dans le paysage d’un roman noir malmené par la vague du thriller, dénué de toute implication politique et qui résume la vie à un affrontement manichéen entre tueurs en série et policiers de génie, entre le mal et le bien, littérature de l’ordre rétabli, par une trilogie exceptionnelle.

Le Complot de l’Ordre noir , qui apporte un éclairage saisissant à la signature du Pacte de non-agression germano-soviétique, en montrant comment l’assassinat du ministre Louis Barthou, victime collatérale de celui d’Alexandre de Yougoslavie, sonne le glas des négociations de la France avec l’Union soviétique et pousse patronat et gouvernement, sous l’influence de Laval et Pétain, à élaborer (Plutôt Hitler que le Front populaire) la fameuse alliance avec l’Allemagne nazie.

Une formidable leçon d’Histoire, renforcée d’abord par Dès lors ce fut le feu, où l’on découvre comment la Cagoule, organisation d’extrême-droite financée par de grands patrons, va tenter et réussir de noyauter les Brigades internationales françaises pour organiser la trahison et le sabotage, puis par Le Livre de la trahison, dans lequel on découvre comment tergiversations puis défection des politiques français et anglais va faire échouer le renversement d’Hitler.

Suivront L’Estafette, où l’on découvre comment Adolf, individu médiocre, estafette dans le Nord de la France, imbu de préjugés qui trouvent à se nourrir des conséquences d’un Traité de Versailles, impitoyable pour un peuple allemand, va devenir Hitler, puis un diptyque qui concerne directement cette même période. Dans Les Assassins de la paix, Pivion expose tenants et aboutissants de ce Traité de Versailles, les tensions et les coups bas entre les vainqueurs de la Guerre de 14-18, leur volonté de mettre l’Allemagne à genoux et de se partager ses anciennes possessions au détriment des peuples africains et asiatiques, tout en liquidant parallèlement la révolution bolchevique. Enfin, avec La Nuit se déchire à Tours, ce sont les arcanes de la naissance du Parti communiste français et les dessous méconnus du Congrès de Tours qui voient Pivion nous plonger au cœur d’un mouvement ouvrier qui peine à se réorganiser après la parenthèse sanglante de 14-18.

La force des romans de Pivion, c’est que si leur lecture est passionnante, s’il maîtrise parfaitement l’art de conter, sa documentation est celle d’un historien. Incroyablement fouillée mais jamais envahissante et toujours d’une rigueur exemplaire.

Philippe Pivion fait la démonstration éclatante que le roman noir est un moyen plus qu’efficace d’informer, de donner des arguments et des armes, de former en permettant à beaucoup de découvrir l’Histoire, la vraie, et de s’en servir dans notre travail militant.

Assurément, Philippe Pivion n’écrit pas pour passer le temps !


Le point de vue d’un libraire
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