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Vers un monde sans enfants ?

Accès libre
Mise à jour le 18 avril 2025
Temps de lecture : 5 minutes

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Démographie

« Vers un monde sans enfants ? » C’est le titre du dernier ouvrage du sociologue Raymond Debord qui suit ses deux précédents, Faut-il en finir avec la famille (2022) et L’individu contre la société (2023).

L’auteur constate que, contrairement aux idées reçues, le monde est entré dans une ère de déclin démographique significatif avec un effondrement du nombre de naissances dans plusieurs régions, notamment en Chine, au Japon, en Europe et aux États-Unis. Aucun continent, pas même l’Afrique, n’échappe à cette réalité.

Partout, la natalité s’effondre avec, comme conséquence, des sociétés qui vieillissent. C’est à une véritable mutation qui affecte les rapports sociaux et à laquelle, loin d’être anodine, toutes les sociétés doivent faire face.

Un tour d’horizon des positions prises

Raymond Debord fait un panorama de toutes les positions idéologiques en rapport à la démographie.

II critique en premier lieu les discours néomalthusiens qui prétendent, de manière pourtant contestée par les faits, que la croissance démographique dépasse celle de la production alimentaire. Pour lui, les malthusiens sont depuis toujours les alliés du capitalisme. C’est d’ailleurs pourquoi Marx et Engels combattirent le concept de surpopulation relative de Malthus. Ils affirmèrent que la surpopulation n’est pas une conséquence de lois naturelles, mais plutôt le résultat des rapports sociaux capitalistes qui créent artificiellement une population indigente.

Dans un chapitre intitulé 50 nuances de néomalthusianisme, Debord décrit tous les groupes de pression qui diffusent des discours alarmistes sur la surpopulation. Le capitalisme vert est rejoint par la « Deep ecology », les décroissants, la Nouvelle Droite, etc., pour bâtir une hégémonie culturelle en phase avec les agendas des organisations patronales et financières internationales qu’il relie à un capitalisme arrivé à maturité et à un libéralisme mortifère.

Soucieux de restreindre au maximum l’intervention des États, ces organisations ne préconisent pas des politiques familiales pour enrayer la chute.

L’OCDE incite à « préparer un avenir où le taux de fécondité seront plus bas » et à « miser sur l’immigration, sur l’allongement de la vie active, sur l’intégration d’un plus grand nombre de groupes sous-représentés dans la population active » (comme les jeunes et les femmes).

Le FMI encourage à augmenter « la productivité de ceux qui travaillent » ainsi que « la participation à l’emploi des groupes sous-représentés (mères, personnes âgées) ».

Ainsi se conjuguent les pensées anthropophobes avec l’idéologie destinée à accroître toujours plus haut l’accumulation du capital par l’exploitation des travailleurs. Debord explique que la logique aveugle du capital est une logique destructrice qui consiste à broyer les vies des producteurs et à jeter au rebut tous les inutiles devenus indésirables.

Sur quelles forces compter pour reprendre en compte le véritable enjeu qui réside dans le déclin des naissances ?

Pas sur « le social-individualisme », « démence sénile du gauchisme » comme l’auteur qualifie la gauche dont la seule rupture est avec l’anticapitalisme et la classe ouvrière. Cette gauche a largement contribué à mettre en place l’ordre néolibéral et a aussi intégré les éléments centraux de la philosophie libérale.

Il déplore que seules l’Église et une partie de la droite réactionnaire aient encore le souci de mener une « politique vie ».

Insister sur les « conditions de la reproduction »

Pourtant, Raymond Debord rappelle que le socialisme historique tel qu’incarné au début du XXe siècle par des figures comme celle de Jules Guesde voyait dans le déclin de la natalité un « phénomène de mort ». Il cite Paul Lafarge pour qui donner des enfants à l’humanité et la reproduire est une fonction des plus importantes. D’ailleurs, les socialistes puis les communistes ont conservé des revendications en faveur des familles, jusque dans les années 1990 pour le Parti communiste français (PCF).

Le lecteur comprendra qu’en appelant à la mise en place d’une politique familiale d’envergure qui dépasserait l’individualisme libéral, afin de favoriser une civilisation de la vie centrée sur la communauté humaine, l’auteur aspire au retour d’un mouvement critique de la production capitaliste en insistant sur les conditions de sa reproduction.

Debord relève que, malgré la chute de la natalité, le désir d’enfant demeure fort chez les couples, ce qui indique une dissonance entre les aspirations individuelles et les réalités démographiques. Il faut donc redonner de la place à la fonction sociale de la maternité comme elle était insérée dans le programme de 1924 du jeune Parti communiste.

Cet essai vise à replacer la question démographique dans un contexte plus large et à explorer des solutions pour transformer le déclin démographique en une force positive pour les sociétés.

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